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est ingénieuse et séduisante à plus d’un titre est que le soleil émettrait des rayons cathodiques.

Cette théorie a été développée dans ses divers aspects par Goldstein, Paulsen, Birkeland, Störmer et aussi avec beaucoup d’éclat par M. Destandres, le savant astrophysicien français. On sait que les rayons cathodiques sont constitués par des corpuscules négatifs, par des électrons lancés à des vitesses considérables et produits couramment par des moyens électriques dans les tubes à gaz raréfiés de Crookes. Quand, dans un gaz raréfié suffisamment, on produit une différence de potentiel, un champ électrique convenable, l’électrode négative, la cathode, émet des rayons cathodiques. Qu’il doive y avoir dans les couches basses de l’atmosphère solaire un champ électrique, c’est infiniment probable ; d’abord parce que l’analyse spectrale montre que la luminescence de l’atmosphère solaire est d’origine électrique, ensuite parce que, dans notre propre atmosphère, il y a un champ électrique intense. Mais pour que le soleil puisse émettre des rayons cathodiques, il faut que l’électrisation de son atmosphère soit de même sens que celle de la nôtre ; on sait que la surface de la terre est électriquement négative par rapport à l’atmosphère, ce qui est la condition favorable à une émission de corpuscules négatifs. Or, divers auteurs sont, — par des recherches sur lesquelles il serait trop long de nous étendre ici, — arrivés à la conclusion que le sens du champ électrique du soleil doit être inverse de celui de la terre, ce qui rend plus difficile à concevoir l’émission de rayons cathodiques solaires. D’autre part, une objection s’impose à laquelle il n’a pas été répondu jusqu’ici d’une manière entièrement satisfaisante. Si le soleil inonde continuellement l’espace de corpuscules négatifs, il finirait par acquérir une charge positive suffisante pour arrêter toute nouvelle émission cathodique, puisque les électricités de nom contraire s’attirent.

Une autre théorie a été développée par le brillant physicien suédois Arrhénius. D’après ce savant, l’action électrique du soleil sur les hautes couches de notre atmosphère serait due à un bombardement, non d’électrons solaires, mais de particules matérielles, de gouttelettes beaucoup plus grosses que les électrons, chargées elles aussi d’électricité négative, mais qui seraient chassées loin du soleil par la pression même de sa lumière.

Le phénomène invoqué par Arrhénius est la « pression de Maxwell-Bartoli. » Il a été établi théoriquement, puis démontré par