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LE
PARTICULARISME BAVAROIS
DE 1871 À 1914

II [1]
LA BAVIÈRE ET LA PRUSSE

« Nous voulons être Allemands : nous l’avons toujours été. Mais nous voulons aussi rester Bavarois. » Ce simple dicton, familier aux paysans du royaume, résume parfaitement les sentiments publics. Le particularisme populaire trouve son fondement dans une très ancienne tradition, dans les habitudes séculaires de l’État et de la race, dans un tempérament national fier et ombrageux qui n’a pas ménagé ses preuves. La situation politique qui résultait des événements de 1866 et de 1870 lui a donné à maintes reprises l’occasion de se manifester. En présence de la Prusse dominatrice et maîtresse, la Bavière a fortement réagi. Elle a su juger la monarchie des Hohenzollern avec une pénétration que nulle autre critique n’a dépassée.

Que le royaume, en quarante-quatre années, ne se soit pas laissé complètement assimiler par l’Empire, voilà ce que personne ne saurait contester. La durée de la résistance tient à un certain nombre de causes. En premier lieu, comme le pays, pendant une longue période d’indépendance, a joué un grand rôle au milieu d’autres nations dont les plus considérables se

  1. Voyez la Revue du 1er septembre.