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Journal des Débats, M. Auguste Gauvain, on dessaisit la Commission des réparations et «on tombe en pleine fantaisie ». Cette décision est accueillie avec enthousiasme par tous les journaux allemands et considérée, tout à la fois, comme un démenti au traité de Versailles, comme un désaveu de la Commission des réparations et de son Président d’alors, voire comme une défaite de la France.

Les 15 et 16 mai, nouvelle réunion à Lympne. On y reconnaît la nécessité de liquider parallèlement et au plus tôt les dettes interalliées et la dette allemande. Rien de mieux, pourvu qu’on demeure dans la ligne dessinée par le traité et qu’on ne sacrifie rien des intérêts de la France. Mais, à Lympne, des chiffres ont été prononcés par des experts qui ne sont pas ceux de la Commission des réparations et ces chiffres, colportés dans la presse, provoquent une grande émotion dans le Parlement. Le 28 mai, à la Chambre des députés, MM. Paul Aubriot, Baudry d’Asson, Loucheur, Louis Barthou, Tardieu, d’autres encore, se font les interprètes de l’inquiétude générale. Le Président du conseil rassure la Chambre, en déclarant qu’aucun engagement n’a été pris à Lympne et qu’on n’ira à Spa que pour faire exécuter le traité.

Le 20 juin, les premiers ministres se retrouvent à Hythe, puis, le 21 et le 22, à Boulogne. Le communiqué officiel annonce que la question de l’indemnité allemande et de la répartition de la créance entre les Alliés a été examinée de nouveau. « Il a été décidé que les experts anglais, italiens, belges et serbes se réuniraient à Paris pour y faire des propositions communes sur des bases déterminées. » Pour ne pas renseigner les Allemands, on ne précise pas quelles sont ces bases; mais les agences, moins discrètes, indiquent, avec des chiffres, un système d’annuités extensibles. De la Commission des réparations, pas un mot. Les experts choisis paraissent devoir être ceux qui, à la suite de M. Keynes, se sont le plus remués pour la dessaisir. Il est, du reste, entendu et annoncé que « les Alliés se retrouveront le 2 juillet à Bruxelles pour fixer définitivement leur accord avant la réunion de Spa ». « Définitivement, » cet adverbe, gros d’espérance, revient, avec l’accent de la certitude, dans chaque déclaration commune.

La conférence de Bruxelles a lieu à la date prévue. Elle règle les proportions dans lesquelles l’indemnité allemande devra être répartie entre les Alliés, mais elle ne fixe pas l’indemnité. Du 5 au 16 juillet, les Alliés causent à Spa et y entendent les Allemands. Les conditions relatives au désarmement sont arrêtées le 9 et l’on passe à la