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sembler plus étonnant, on vit mettre en avant les noms d’Alais, dans le Gard, d’Aluze, entre Autun et Chalon-sur-Saône, d’Auxonne, de Luxeuil, de Novalèse en Savoie, même d’Izer-nore, dans l’Ain. La controverse la plus ardente se livra au profit d’Alaise-les-Salins, à 15 kilomètres de Besançon. La cause trouva des défenseurs même auprès de savants comme Quicherat. Ce sont là aujourd’hui, malgré quelques retours offensifs de récalcitrants, des discussions sans intérêt. L’étude du texte des Commentaires de César et la confrontation tics renseignements qu’ils contiennent avec l’aspect actuel des lieux, surtout les fouilles poursuivies, sur l’ordre de l’Empereur, entre 1862 et 1865, par un officier de haute valeur, Stoffel, ne peuvent laisser aucun doute à un esprit libre de toute idée préconçue : on a constaté, dans la plaine des Laumes et sur les pentes des collines qui entourent le plateau du mont Auxois, la présence des tranchées creusées par l’armée romaine assiégeante ; on a recueilli sur certains points, là où s’étaient livrés les plus rudes combats, des armes et des ossements, d’hommes et de chevaux en abondance. Le procès est jugé et bien jugé. C’est sur ce plateau que Vercingétorix se réfugia avec son armée pour opposer un dernier effort à son terrible adversaire.

Il venait de subir, aux environs de Dijon, une très grave défaite. Sa cavalerie, forte de 15 000 chevaux, dont il avait le droit d’escompter la valeur, s’était laissé mettre en fuite et décimer par la cavalerie germaine de César ; trois de ses généraux étaient prisonniers. Il ne pouvait plus, à la tête de son infanterie, attendre en rase campagne l’attaque des légions romaines ; Alesia s’offrait à lui ; il crut sage de s’y réfugier, afin de reprendre haleine et d’arrêter l’avance ennemie.

La position était exceptionnellement forte. Des rivières sinueuses, la Brenne, l’Oze et l’Ozerain, entourent de trois côtés le plateau, long de plus de deux kilomètres et large de la moitié. Au Nord et au Sud, ses lianes, taillés à peu près à pic, dominent les vallées ; à l’Ouest, là où s’élève actuellement la statue de Vercingétorix, la pente, très raide, se prête malaisément à l’escalade ; à l’Est, au point dit aujourd’hui « la Croix Saint-Charles, » le terrain est un peu moins difficile ; mais il suffisait d’y élever une muraille, précédée d’un fossé, pour rendre la position imprenable d’assaut. Bien de plus sage que