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de toutes les classes de la population ayant reçu quelque culture, et il était même devenu la langue du foyer d’un certain nombre de nos clients.

On juge de l’effet qu’aurait eu sur cette œuvre l’abstention de la France au lendemain d’une victoire qui la faisait attendre en Syrie comme la libératrice naturellement appelée à organiser l’indépendance du pays. C’eût été déclarer notre carence en Orient, et sans doute discréditer par-là nos œuvres non seulement en Syrie, mais dans tous les pays voisins qui devaient nous juger d’après la façon dont nous agirions dans la question syrienne. On a dit que nous n’avions pas besoin d’être parmi ceux qui agiraient politiquement en Orient et qu’il nous suffisait largement de réserver, dans des accords avec les Gouvernements qui y assumeraient le mandat déserté par nous, entière liberté pour nos écoles ; mais ce n’est pas seulement les méthodes d’enseignement qui remplissent celles-ci : c’est aussi le rôle que joue la langue qui y est enseignée et le prestige de la nation qui fournit les maîtres et d’où émane la culture que l’on y donne. Ce prestige était incompatible avec notre abdication politique en Orient au lendemain de la guerre, de même que le rôle de notre langue aurait été restreint si nous avions renoncé à jouer notre rôle politique dans la forme nouvelle que les circonstances lui imposaient. Ceux qui auraient voulu que nous nous bornions à une politique scolaire, qu’aucune autre intervention n’aurait appuyée, exposaient donc les Ecoles qu’ils croyaient défendre à perdre leur clientèle et notre effort à se limiter, pour ainsi dire, à la conservation de coquilles vides.


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Si donc nous pouvions, sans aucune peine, entrer avec une entière sincérité dans les idées nouvelles et ne viser en Orient que l’œuvre temporaire du mandat, nous devions nous charger de cette œuvre. Parmi ceux qui l’ont admis, on trouve des critiques qui pensent que, du moins, la méthode employée a été mauvaise et que la France a brisé dès le début en Syrie ce qui aurait pu être l’instrument le plus facile de son mandat. Malgré tant de preuves, il est encore des gens qui croient que nous aurions pu utiliser l’émir Fayçal pour l’organisation du pays sous la tutelle française. Les tenants de cette opinion