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de marks pour rétribuer quarante-trois employés, chargés de reconstituer les colonies. Il faut bien que Hambourg reste, suivant le mot de Guillaume II, la première ville maritime du monde. Aussi le ministère de la reconstitution dispose-t-il de sept cent soixante-dix millions de marks pour primes et subsides à la construction de nouveaux navires. Et l’Allemagne cherche à nous apitoyer sur son indigence !

Même remarque à propos de sa dette perpétuelle. C’est, pour la plus grande partie, une dette intérieure, à laquelle une gestion financière détestable a donné pendant la guerre des dimensions effrayantes. Les arrérages, qui étaient de deux cent quarante-neuf millions de marks en 1914, se sont élevés, en 1920, à douze milliards six cent quatre-vingt-treize millions. L’Allemagne doit-elle servir des rentes à ceux des Allemands qui l’ont aidée à faire sa guerre, avant de réparer les désastres que sa guerre a causés aux innocents ? Ouvrons encore le traité de Versailles, à l’annexe II qui suit l’article 244. Nous y lisons que, pour estimer périodiquement la capacité de paiement de l’Allemagne, la Commission des réparations a doit examiner le système fiscal allemand : 1° afin que tous les revenus de l’Allemagne, y compris les revenus destinés au service ou à l’acquittement de tout emprunt intérieur, soient affectés par privilège au paiement des sommes dues par elle à titre de réparations et 2° de façon à acquérir la certitude qu’en général le système fiscal allemand est tout à fait aussi lourd, proportionnellement, que celui d’une quelconque des Puissances représentées à la Commission.» Or, aujourd’hui, le système fiscal allemand est beaucoup plus léger pour les contribuables du Reich que notre régime d’impôts ne l’est pour nous-mêmes, et l’Allemagne paie ouvertement ses emprunts intérieurs sur les revenus qu’elle nous a délégués par privilège. Que devient, dès lors, le traité de Versailles? Et comment les Gouvernements alliés tolèrent-ils tous ces détournements de fonds?

Parmi les crédits ouverts, en 1920, pour l’exécution du traité de paix, nous trouvons également quelques sujets d’étonnement. Vingt-cinq milliards de marks sont inscrits pour livraisons à l’Entente, et l’Entente est loin d’avoir eu l’occasion d’inscrire elle-même, au compte des prestations reçues, la contre-partie de cette somme. Mais qu’est-ce que ces autres vingt-cinq milliards qui figurent sous la même rubrique : Exécution du traité de paix ? Ce sont, paraît-il, vingt-cinq milliards qui doivent permettre à l’État allemand de rembourser ceux v de ses nationaux qui auront fait des livraisons pour son compte.