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se débat, elle serait extrêmement sensible à un concours pratique, à une aide qui lui serait offerte à titre de réciprocité. Prêtez-lui votre appui, s’il est possible, dans son relèvement économique. Ayez ici des banques, qui trouveront leur avantage en faisant le sien. Prêtez-nous des capitaux à des conditions favorables. Considérez, par exemple, la question du change. Oui, je sais bien que le vôtre n’est pas fameux, que vous avez perdu votre position privilégiée ; je n’ignore pas que le problème est d’une complexité déconcertante. Mais enfin, supposez que, par miracle, la France montre à l’Italie qu’elle veut l’aider efficacement à sortir de son embarras : vous regagneriez en un jour plus de sympathies que vous n’en avez perdu en deux ans.

« Essayez de multiplier avec nous les relations commerciales ; de toutes les raisons d’aimer son voisin, la meilleure est encore l’intérêt bien entendu ; on n’en a pas trouvé d’autre qui dure. Déchirons le grand livre du passé ; ouvrons un compte nouveau sur une page blanche ; tâchons d’y inscrire des opérations qui soient favorables à tous les deux, et le reste viendra par surcroît.


IUNE IMAGE SACRÉE

Je résume ici mes impressions.

En ces années d’après-guerre, l’Italie a été prise d’un violent accès de francophobie. Le fait est hors de doute ; j’essaie de l’expliquer par des raisons historiques, et de le constater sans être ému : mais c’est en vain. Le rêve d’une amitié sereine qui aurait suivi la grande tourmente était trop beau, je le sais bien. Je sais bien qu’il en va de même entre tous les États ; j’entends les clameurs et les protestations qui s’élèvent d’un bout à l’autre de l’Europe ; quel voisinage est sans alarmes ? quelles relations sans aigreur ? Tout au long de leur histoire, Italiens et Français se sont montrés difficiles, ombrageux : cela ne les a pas empêchés de s’aimer, et de le faire voir, une fois venue l’heure des décisions suprêmes ; je le sais bien. Hier un Italien, s’adressant à un de ses jeunes compatriotes qui revenait de Paris, lui remontrait gravement que l’on ne pouvait pas être un bon Italien, si l’on aimait la France. Ce propos, qui d’ailleurs suppose une forte dose de bêtise est révoltant : mais à vrai dire, nous en avons entendu bien d’autres dans le passé ;