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s’est présentée au concours qu’en nombre très inférieur aux besoins de l’armée. Il faut donc encore recourir cette année à la formation directe de sous-lieutenants sortant des rangs de la troupe. Mais il y a lieu d’espérer que la loi qui sera prochainement votée, en assurant la situation des officiers, attirera vers l’armée tous les candidats officiers qui lui sont nécessaires.

Enfin, pour développer l’éducation physique, non seulement dans l’armée, mais dans toute la nation, une école installée à Poznan forme une centaine d’instructeurs d’éducation physique, militaires et civils.

Ainsi, depuis la période de calme, la jeune armée polonaise s’est mise rapidement au travail pour être capable au printemps d’entreprendre des opérations dans de meilleures conditions, si les événements l’avaient exigé. Puis, le calme s’étant maintenu, elle a pu continuer son effort en organisant sa vie normale et le développement logique de son instruction.

En outre, un fait d’ordre moral, mais d’une importance capitale, a été acquis au cours de cette année. Quelle que soit la valeur plus ou moins grande du bagage de connaissances professionnelles qu’ils ont retiré de leur passage dans les cours, il est indéniable que, réunis en grand nombre dans ces stages en commun, non seulement les officiers, mais aussi les sous-officiers, venant de toutes les régions de Pologne et sortant des nombreuses armées et légions si diverses, ont appris à se connaître, à s’apprécier, à s’aimer, à fusionner leurs formations militaires différentes en une unité de doctrine.

Eux-mêmes, à la fin de chaque cours, aimaient à le constater : de cette communauté de vie, de pensée, de travail, qui leur avait été pour la première fois offerte, ils avaient senti naître une véritable camaraderie et une solide fraternité d’armes.

Tous ces résultats auraient pu et dû être obtenus plus tôt, malgré les difficultés créées par la guerre bolchevique, si, dès le début de la présence de la mission militaire française, le Haut Commandement polonais avait bien voulu, comme cela se fit dans toutes les armées pendant la Grande Guerre, accorder une place suffisante à l’instruction, et comprendre que le temps passé dans les différents cours tactiques ou de spécialités n’était pas du temps perdu, et s’il avait fait plus confiance aux conseils de ses auxiliaires français en matière d’organisation.