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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/612

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rien entreprendre, pour le moment, de vaste et de définitif en Russie, sinon sous forme de participation à un groupement international, lequel disposerait de gages suffisants donnés par les Soviets pour la sécurité de ses opérations. Mais, sans attendre que cette forme de coopération prenne consistance par un accord des Puissances, ou comme résultat d’une Conférence, l’Allemagne s’organise méthodiquement, en jetant sur la Russie l’immense filet de sa propagande, celle dont nous avons déjà connu l’action perfide lorsqu’il s’agissait d’amener la paix séparée qu’a consacrée le traité de Brest-Litovsk. Ce ne sont plus là de simples hypothèses, car cette organisation existe depuis que le chancelier Wirth a reconstitué, au cours de l’automne dernier, tous les services diplomatiques d’Orient, dans le sens d’un rapprochement avec les Soviets.

Toutefois, cette partie ne peut se jouer encore au grand jour, sous peine de susciter la défiance des Alliés et surtout de l’Angleterre, qui n’admettrait pas volontiers que l’Allemagne tirât profit du fait que les autres Puissances se sont refusées, jusqu’à présent, à reconnaître les Soviets. Il faut donc masquer cette politique, en la mettant au compte de la Russie, à laquelle on laisse l’initiative du rapprochement ; aussi le centre des relations russo-allemandes est-il à Berlin plutôt qu’à Moscou, procédé plus efficace et moins dangereux.

C’est ainsi que la Russie est représentée à Berlin, d’après les informations des journaux allemands, par quatre Missions qui mêlent savamment la diplomatie, la propagande et les affaires.

La plus importante organisation est celle que dirige le Commissaire soviétique Krestinsky, ministre de Russie à Berlin. Cette « légation » comporte un important service d’in- formation et de propagande confié à M. Kristinoff et qui publie à Berlin une feuille bolchéviste, le Nowy Mir (Nouvelle Paix). Une agence télégraphique officielle dépend également de ce service.

Les opérations du ravitaillement russe sont faites par les soins d’une Mission commerciale soviétique. C’est le bureau d’achat officiel, qui traite avec les fabricants allemands, sous la direction de Litvinov.

Une autre sommité bolchéviste dirige également une « Mission technique et scientifique, » qui semble être un simple