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au mépris de ses règlements prescrivant l’attaque à cheval, se soit mise en sûreté derrière son feu, de propos délibéré, comme elle le prétend, ou à la suite de multiples et malheureuses rencontres avec nos éléments de découverte, peu importe... Il serait vain de discuter les intentions ; il est plus positif de s’en rapporter aux fails ; et ces faits établissent que partout la cavalerie allemande se refusa au combat,


I. — LA CAVALERIE DANS LA GUERRE DE MOUVEMENT
(AOÛT-OCTOBRE 1914).

En août 1914, pendant la concentration de nos forces, toute la cavalerie est employée en couverture.

Dans cette période, point de grands engagements de cavalerie. En revanche, dès l’entrée en campagne, l’ascendant de nos cavaliers s’affirme. Sur tout le front, de l’Alsace à l’Ardenne, nos patrouilles et nos détachements courent sus aux partis ennemis sans mesurer leur force. Dans la plupart de ces rencontres de détail, — utiles débuts de guerre où l’homme se fait la main et acquiert la maîtrise de ses nerfs, — le cavalier français reste partout maître du terrain.

Dans tous nos régiments se retrouve cette qualité première du guerrier franc : un mordant irrésistible. Le simple cavalier met en fuite des patrouilles, nos pelotons balaient des escadrons. Et la supériorité morale sur l’arme adverse que nous pensions ne devoir acquérir qu’à la suite de sanglantes rencontres, nous est accordée dès le début, sans conteste.

Aussi, quand, la concentration terminée, s’ouvrent les opé- rations destinées à la préparation de la bataille, nos gros de cavalerie peuvent-ils s’avancer, sans obstacles, dans l’espace vide qui sépare les deux armées.

Deux corps de cavalerie, sous les ordres des généraux Sordet et Abonneau, entrent en Belgique, dans le dessein de déterminer le front atteint par l’ennemi et de retarder sa marche. Leur découverte, à laquelle la proximité des gros donne toute liberté d’action, fournit de multiples et précieux renseignements. — Nous ne citerons que pour mémoire ceux donnés par un prisonnier qui, le 9 août, révèle le secret de la manœuvre allemande, le mouvement sur Liège et Bruxelles, et la marche sur Paris « où les armées allemandes doivent entrer au début de