Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA CRISE DU DIAMANT

L’industrie du diamant est bien singulière de toute manière : par ses gisements, par ses procédés d’extraction, par son but, par son histoire, par son organisation commerciale. Une crise très grave qu’elle vient de traverser et dont elle commence à sortir, attire en ce moment l’attention sur elle. Bien que la mode française préfère aujourd’hui les perles aux diamants, nos lectrices, et quelques lecteurs avec elles, seront peut-être bien aises de savoir où et comment on arrache à la terre ces cailloux brillants qui coûtent si cher.

Tout d’abord, une remarque préliminaire. Le diamant est, par sa substance, un des corps les plus communs et les plus vulgaires : du simple carbone. Il ne diffère d’un graphite ou presque d’un anthracite que par son mode de cristallisation. Chauffé sous un dard de chalumeau à l’air libre, il brûle en donnant un peu d’acide carbonique comme le premier morceau de charbon venu. C’est un parvenu de la minéralogie : ce qui ne le distingue pas, d’ailleurs, des autres corps précieux employés comme joyaux : la perle, banal calcaire ; le rubis et le saphir, extraits d’argile. Les métaux précieux qui nous servent également d’ornements, le platine et l’or, sont des éléments rares, auxquels leur rareté assure à elle seule une valeur. En outre, ils possèdent des qualités pratiques, très spéciales, d’inaltérabilité, de ductilité, de densité, etc., qui leur assurent des emplois industriels importants et qui justifieraient à elles seules leur prix. Les usages du diamant (sondages, etc.) sont peu de chose ; ceux de l’alumine cristallisée (corindon, émeri) interviennent moins encore dans le mérite d’un rubis.