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à toute contrainte, s’en rapporter à la bonne volonté allemande, ou se séparer de l’Angleterre. M. Bonar Law a présenté son projet en toute bonne foi comme le meilleur même pour les intérêts français ; ni les bureaux de la Trésorerie, où il a été élaboré sans la participation du Foreign Office, ni sir John Bradbury, à qui plusieurs journaux britanniques en attribuent la paternité, ni lord d’Abernon, n’ont partagé de telles illusions ! M. Bonar Law n’est pas un spécialiste de ces difficiles problèmes de finances où les experts adroits font dire ce qu’ils peuvent à des chiffres hypothétiques. Le plan britannique n’est pas nouveau ; il est une réédition plus complète des projets défendus par M. Lloyd George, inspirés par M. Keynes, prônés par le Manchester Guardian, affirmés dans la note Balfour.

En voici les dispositions essentielles ; elles constituent non seulement un nouvel état des paiements qui se substituerait à celui du 5 mai 1921, mais encore une véritable révision du traité de Versailles. L’Allemagne obtiendrait un moratorium, sans gages ni garanties, de quatre ans ; au bout de ce temps, elle devrait payer une annuité théorique de deux milliards de marks-or, qui, au bout de quatre nouvelles années, deviendraient deux milliards et demi. Au bout de onze ans commencerait le service des obligations de la seconde série, correspondant à peu près à l’ancienne série C. L’annuité ne comprendrait aucun service d’amortissement. Les bons seraient rachetables par le Gouvernement allemand « dans des conditions très libérales. » La valeur en capital des bons de la première série serait ramenée, par un jeu d’escompte, à un capital inférieur à 40 milliards de marks-or. La valeur des bons de la deuxième série serait évaluée à une dizaine de milliards. La dette allemande totale serait ainsi ramenée à un capital actuel d’environ 50 milliards de marks-or. Un emprunt pourrait être gagé sur l’annuité allemande. Le plan britannique lie à ce nouvel état des paiements le règlement des dettes interalliées et même celui des dettes européennes envers l’Amérique. Les dépôts d’or détenus par l’Angleterre, en garantie des prêts consentis par elle pendant la guerre, seraient appliqués à la réduction de ces dettes. La France lui céderait les bons de la première série qu’elle doit recevoir par compensation de la dette belge ; l’Italie ferait de même pour un milliard et demi des bons qui doivent lui revenir pour sa part des réparations. Avec les bons allemands de la deuxième série on constituerait un fonds commun qui serait affecté aux diverses Puissances en proportion de leurs dettes envers les États-Unis. Le solde des dettes interalliées serait annulé. L’Allemagne s’engagerait