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L’ITALIE LIBÉRÉE
(1857-1862)

LETTRES ET DÉPÊCHES

DU ROI VICTOR EMMANUEL II
ET DU COMTE DE CAVOUR

AU PRINCE NAPOLÉON

II [1]
LA CRISE
(17 MARS — 10 MAI 1859)

La solution du problème italien dépendait d’un point essentiel : que les Puissances européennes, — Angleterre, Russie et Prusse, — laissassent, sans s’en mêler, la France et le Piémont régler la question avec l’Autriche seule.

Sans doute, celle-ci était-elle encore de force à lutter, et avait-elle, de 1791 à 1815, prouvé son extraordinaire endurance et sa faculté à « encaisser les coups. » Depuis la déclaration de Pilnitz (27 août 1791] jusqu’à la Convention du 2 août 1815, qui donna à la captivité de l’empereur Napoléon un aspect de légalité, l’Autriche n’avait connu que des défaites : à Campo-Formio, à Rastadt, à Paris, à Lunéville, à Presbourg, à Vienne, elle avait dû demander grâce et implorer, moyennant ses sujets et ses provinces, un pardon chèrement acheté. Et, quelques années, quelques mois plus tard, elle était debout, en armes, prête à soutenir une lutte plus sévère encore que toutes les autres. Mais les événements de 1849 avaient montré la fêlure, et prouvé que cet agglomérat d’États qui n’avaient ni la même nationalité, ni la même langue, ni la même constitution sociale, ni le même idéal ethnique, et qu’avait seul unis un loyalisme suranné, résisterait malaisément à une attaque du dehors, combinée avec des révoltes au dedans. L’expérience de 1849 avait démontré que

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.