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Si l’emprunt ne peut se négocier à Paris, il faudra se résigner à le faire dans le pays, où il a chance de réussir avec l’aide des Lombards et des Toscans. Je crois qu’il sera plus facile de trouver de l’argent en France et en Angleterre, une fois la guerre déclarée, que dans ce moment où les banquiers de tous les pays ont organisé une espèce de compression en faveur de la paix.

Je remercie Votre Altesse des bontés qu’elle a eues pour M. Astengo. Il attend l’arrivée du général Klapka pour partir pour sa mission. J’espère qu’il contribuera à assurer le succès de l’insurrection hongroise, qui doit nous venir puissamment en aide.

Le comte Aldofredi, arrivé ce matin de Paris, m’a rapporté que le général Niel nous avait quittés persuadé que le pays était peu favorable à la guerre et que, dans le sein même du cabinet, il y avait un parti pacifique à la tête duquel aurait été le général La Marmora.

Ce bruit parvenu, je ne sais comment, au comte Aldofredi, et qui peut-être n’a pas de fondement, a fort étonné le général La Marmora. Il me charge de le démentir auprès de Votre Altesse en la priant, si besoin était, de rétablir, auprès de l’Empereur, les faits tels que Votre Altesse a pu les constater.

Le général La Marmora, aussi prudent dans le cabinet qu’intrépide sur le champ de bataille, ne voulait pas d’une guerre précipitée, commencée dans des circonstances défavorables, avec des préparatifs insuffisants. Mais il accepte, avec empressement, une guerre organisée, ainsi que l’entend l’Empereur.

Je prie Votre Altesse Impériale de bien vouloir me faire tenir au courant de ce qui se passe à Paris.

M. Nigra va prendre avec Votre Altesse les arrangements nécessaires pour le payement de la dette.

J’ai l’honneur de renouveler à Votre Altesse l’assurance de mon respectueux dévouement.

C. CAVOUR

A partir du 9 mars où il a remis à l’Empereur le portefeuille de l’Algérie (qu’il avait accepté le 24 juin 1858), le prince Napoléon se consacre tout entier à la question italienne. Il devient le conseiller efficace et le guide à Paris du comte de Cavour : ainsi lui télégraphie-t-il, le 15, à dix heures du matin.