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Cette « longue et ancienne coutume » stupéfia tous les Européens qui en eurent connaissance au XVe siècle ; le Vénitien Câ da Mosto s’en fit répéter plusieurs fois les détails à Ouadan par des Arabes et des Berbères de l’Adrar mauritanien ; Antoine Malfant, qui écrivait de l’oasis du Touat, y fait allusion en parlant de « la fuite des nègres, comme devant un monstre, du plus loin qu’ils apercevaient un blanc. » Mais les prospecteurs nègres n’en usaient point différemment envers leurs congénères ; les Mandingues riverains de la Gambie déclaraient au Portugais Pacheco Ferreira qu’ils ne voyaient point les vendeurs d’or. Leurs marchandises déposées dans un endroit déterminé, esclaves ou denrées, ils creusaient des trous correspondant à la quantité d’or qu’ils exigeaient en retour. Les Mandingues disparus, des nègres à gueule et dents de chiens surgissaient avec leur précieux métal dont ils remplissaient plus ou moins les trous. Et les allées et venues habituelles précédaient l’accord.

Et maintenant, où gisait ce mystérieux Pactole africain ? L’ile des Paillettes (Palolus) du cartographe génois, le Wangâra d’Edrisî, le pays de Boom des Mandingues, avec ses marchés de Veteun, Habanbarranca et Bahaa Bado, à deux cents lieues de la Gambie, c’est le Gangaran, inclus entre deux affluents du Sénégal, et le Bambouk, que deux autres affluents enveloppent.

Le mode d’extraction de l’or n’a point changé. La description d’un voyageur moderne concorde avec celle d’Edrisî : « Lorsque la Falémé, en se retirant à la fin de l’hivernage, a laissé à découvert une assez grande étendue des terrains, les habitants creusent des puits sur les bords et en lavent la vase et les sables, » comme il y a huit siècles, pour recueillir les paillettes précieuses.


VI. — UNE CARTOGRAPHIE JUIVE DU CENTRE DE L’AFRIQUE AU MOYEN AGE

Sillonné par les Philistins, — des descendants de Goliath (Djalout), disait-on, — le Sahara tout entier était imprégné de légendes bibliques, depuis le Hoggar où les indigènes passaient pour avoir hérité du prophète Daniel le secret de retrouver, au moyen de caractères magiques, les objets perdus, jusqu’à Koukiya sur le Niger qui aurait fourni au Pharaon d’Egypte des magiciens en mesure de controverser avec Moïse, jusqu’aux îles Heureuses de l’Océan, où le corps de Salomon reposait « dans un château