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Port-Royal[1]. Je le ferai con amore, non précisément pour cette austère maison, où n’étaient pas mes maîtres, mais pour le livre, que je tiens pour l’un des livres de caractéristique historique les plus parfaits de notre temps.

Agréez, illustre confrère, l’assurance de ma haute admiration.

E. RENAN.


Successeur de Quatremère au Collège de France, Renan avait connu la même mésaventure que Sainte-Beuve, et son cours avait été également suspendu. La lettre qui suit répond à une question que lui avait posée Sainte-Beuve au sujet de la reprise éventuelle de son cours et à l’annonce d’ « une couple d’articles » sur l’ensemble de son œuvre :


Paris, 9 avril 1862.

Cher maître et confrère,

La dernière fois que j’ai vu M. Rouland[2], son intention paraissait être d’autoriser ma réouverture après Pâques, avec tous les autres professeurs. Mais je dois ajouter que, depuis, Maury l’a vu, qu’il l’a trouvé ébranlé par de nouvelles difficultés et qu’il semblait s’arrêter à un plan légèrement différent de celui qu’il m’avait communiqué. Dans ce nouveau plan, j’ouvrirais bien au second semestre, mais non au commencement. Il pensait (fort à tort, je crois} dérouter ainsi l’attention du public. J’ai adressé un mot à l’Empereur pour lui exprimer le désir que j’ai d’ouvrir avec tous les autres. En tout cas, je regarde ma réouverture au second semestre comme très peu probable.

L’annonce que vous me faites de votre étude est pour moi un événement et une vraie fête. Vous savez avec quelle admiration et quelle sympathie je suis

Votre dévoué serviteur

E. RENAN.


Avant d’écrire ses articles sur Renan, Sainte-Beuve était allé le 5 mai lui demander « une séance. » Ne l’ayant pas trouvé, il lui avait laissé un billet lui souhaitant bon voyage, — Renan partait pour la Hollande, — et réclamant, « aussitôt son retour, » « une petite conversation

  1. Ces deux articles sur la seconde édition du Port-Royal ont paru dans le Journal des Débats des 28 et 30 août 1860.
  2. Ministre de l’Instruction publique.