Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/844

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le général Coffinières, commandant le génie du corps d’armée, et lui remettait une lettre adressée à M. Buoncompagni, commissaire du Roi à Florence. Il disait : « J’ai reçu, sur la demande de deux envoyés toscans auprès de Sa Majesté l’Empereur, l’ordre d’occuper la Toscane avec le 5e corps d’armée. L’Empereur et le Roi veulent que je prenne sous mon commandement les troupes italiennes.

« Je suis envoyé par l’Empereur, dans un but exclusivement militaire, pour aider le pays dans la guerre de l’Indépendance italienne qu’il a entreprise. Je ne compte me mêler en rien de la direction du Gouvernement du pays.

« Je tiens à ce que vous fassiez bien connaître partout que j’arrive, non comme un prince français avec des vues politiques, mais uniquement comme commandait du 5e corps d’armée pour des opérations militaires.

« Le choix de ma personne n’a été fait par Sa Majesté que parce que les quatre premiers corps d’armée sont déjà échelonnés sur le Pô, tandis que la plus grande portion du mien se trouve encore en route. »

Avant son arrivée à Livourne, le Prince recevait du Roi les lettres suivantes :


Le roi Victor-Emmanuel au prince Napoléon


D’Occimiano, le 19 mai 1859.

Cher beau-fils,

Je t’envoie la lettre en question. Fais de belles choses et que le bon Dieu te bénisse ! Je sais que tu as des talents, mais écoute un conseil : sur ce qui regarde la politique, fais-toi donner par l’Empereur des instructions bien précises ; pour le reste, tire-toi d’affaire. Les Romagnes vont se soulever à ton arrivée, cela est positif. Mezzacapo, comme tu sais, a déjà réuni 2 500 hommes en Romagne ; dégagée la question politique du Pape, le reste ira au galop. Il faut que tu saches aussi que si la France a reconnu la neutralité du Pape, nous, ou pour mieux dire moi, je ne l’ai pas reconnue, exprès pour être libre : que cela te serve de règle.

Je vais faire partir Massimo qui doit diriger le mouvement romain, tiens-toi avec lui, il est habile politique, etc., etc.

J’ai reçu la lettre de Clotilde, je t’en remercie, je t’enverrai l’homme dont elle me parle en Toscane, fais-en quelque chose. Adieu, je t’embrasse et te souhaite beaucoup de bonheur.

Ton très affectionné beau-père,

VICTOR-EMMANUEL.