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Je lui rends compte de la lettre qu’il a écrite à la Dauphine et des plans étranges qu’il lui soumet pour le jeune prince. Si on l’écoutait, celui-ci devrait être envoyé au Nouveau Monde, servir dans des guerres lointaines, que sais-je encore !

— H est impossible, conclut la Duchesse de . Berry, que Chateaubriand soit, comme il le voudrait, le gouverneur de mon fils.

Avec le comte de Senfft, je suis allé chez Mme de Podenas. J’ai également vu Mlle de Fauveau qui a reçu une lettre de M. de Lamennais dans laquelle il lui dit : « La Duchesse de Berry était venue en France pour revendiquer un trône, elle a fini par réclamer un tablier de nourrice. »

Tout d’abord, à Florence on n’avait consenti à recevoir la Duchesse de Berry , que très passagèrement, mais, quand elle arriva, on lui fit bon accueil au Poggio Impériale. Chez le grand duc de Toscane, au dîner de famille, M. de Lucchesi n’est invité qu’à la table de service. Celle-ci n’avait jamais existé précédemment, on l’a créée exprès pour lui.

Le soir, plusieurs personnes se rendent chez la Duchesse.de Berry. J’y vais à neuf heures, elle me retient longtemps.

— Je ne pourrai pas rester avec le Roi à Prague, me dit-elle. Ce climat serait mauvais pour moi, il me faut le Midi. Je voudrais mener Henri à Lucques ou quelque autre part en Italie, mais je crois nécessaire qu’il ne se trouve plus à portée de l’Autriche, je préférerais le voir en Russie.

Saint-Priest avec lequel je cause est très monté contre M. de Mesnard.


Florence, 12 septembre.

Arrivée de M. de la Ferronnays. Comme sur son passage il a trouvé des routes détruites par le mauvais temps, sa marche a été singulièrement retardée. Il vient me voir dès le matin. Je suis heureux de le retrouver. Sa loyauté est parfaite. Avec beaucoup de franchise, il me parle de ce qu’il écrivit à Charles X en août 1830.

— J’ai été mal pour le Roi, me dit-il, je me repens de cette lettre dont certains passages étaient de nature à le blesser. Je me félicite donc d’avoir obtenu mon pardon. Mon beau-frère aurait désiré me faire rester à Prague, mais je n’ai point voulu, pas plus que je ne consens à demeurer dans l’entourage de