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acte de mariage aux archives autrichiennes. Elle se récriait avec emportement.

— C’est un moyen de me retenir. Ils savent que, seule, je me mettrai à la tête des armées pour les empêcher de prendre nos provinces.

— On ne pense à rien de cela, Madame,

— D’abord, s’écria-t-elle, je ne crois pas à l’honneur des hommes.

— Mais alors, Madame, pourquoi exigez-vous que des hommes croient à votre parole ?

Cette discussion m’était infiniment pénible. Je m’efforçai de la maintenir à son objet, empêchant ainsi la Duchesse de Berry de s’en écarter par de vagues récriminations. Comme précédemment, je me heurtai à un parti pris irrévocable. Je tentai malgré tout de fléchir Madame.

— Je ne veux point consentir à ce qu’on réclame de moi, s’obstinait-elle à me dire. C’est une conspiration de Metternich et de Blacas.

Je crus devoir préciser la question.

— Vous pensez, Madame, qu’on veut vous enlever la tutelle sur vos enfants ?

— Il n’y a que le Roi qui puisse m’attaquer.

— II n’en aurait point l’intention, mais la loi Briqueville va contraindre à des ventes. On exigera que vous expliquiez vos qualités. Vous serez donc dans cette alternative, soit de présenter votre acte de mariage, soit d’être poursuivie devant les tribunaux pour vous voir privée de la tutelle par jugement...

— Pour inconduite notoire, s’écria-t-elle avec vivacité, je comprends cela. Mais alors, quels sont les moyens proposés par le Roi à l’égard de cette tutelle ?

Je les lui exposai et elle les approuva. Puis, abordant de nouveau la question principale :

— Je ne veux pas déposer mon acte, reprit-elle. Si on l’exige, je le ferai voir au Roi, à l’Empereur. Je vais vous le montrer, mais, à vous seul, je ne l’ai communiqué à personne, ni à M. de La Ferronnays, ni à M. de Saint-Priest. Elle mit alors sous mes yeux une petite feuille de papier sur laquelle étaient écrites quelques lignes dont voici à peu près le sens : Moi, confesseur suffisamment autorisé, déclare avoir uni en mariage la princesse Marie-Caroline, veuve du Duc