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enquêtes sérieuses et peu suspectes de partialité envers la France des socialistes belges et des travaillistes anglais. — Manœuvre économique et financière par la stabilisation du mark et la chute du franc, que la banque Mendelsohn et quelques autres préparaient avec l’alliance de certaines maisons de Londres et de New-York. L’activité de Hambourg renaît rapidement par une entente entre les compagnies allemandes et les compagnies américaines ; l’Allemagne a refait 60 pour 100 de son tonnage commercial. La crise de la Ruhr a été l’occasion d’un resserrement de la concentration industrielle. « Le temps des cartels et des syndicats a eu son développement maximum en 1914 ; il est passé aujourd’hui : c’est l’époque des trusts qui commence. » La Gazette du Rhin et de Westphalie, qui s’exprime ainsi (1er avril), n’ajoute pas « pour la guerre nouvelle, » mais elle le pense. Les socialistes voient dans cette concentration un acheminement à la réalisation de leurs idées. Les pangermanistes y saluent un moyen d’englober l’Autriche et de reprendre la politique d’hégémonie allemande. L’industrie, après trois mois d’occupation de la Ruhr, se flatte de trouver tout le charbon dont elle a besoin ; elle a réussi à réduire le prix de la houille et du lignite et cherche à faire baisser le coût de la vie pour arriver à diminuer les salaires. Pendant ce temps-là, sous les apparences d’une police organisée (Schutzpolizei), c’est une armée encadrée et exercée que l’on reconstitue. Ainsi, les Allemands ont fait sortir de l’affaire de la Ruhr un plan général de révision des résultats de la guerre, une revanche diplomatique et économique, en attendant l’autre.

Mais pour que ce plan réussît, il aurait fallu ou que l’Angleterre intervînt ou que la France cédât. Les choses ne s’arrangent pas toujours au gré du Chancelier. La manœuvre contre le franc a échoué. Le mark, soutenu par la Banque d’Empire, s’est stabilisé durant trois mois aux environs de 20 000 marks pour un dollar. Mais la baisse du mark est indispensable pour maintenir les bénéfices des industriels et la possibilité même de l’exportation. M. Stinnes, qui a toujours été un adversaire de la stabilisation, est intervenu ; la Reichsbank a transféré à la Banque d’Angleterre une portion considérable, — 300 millions, dit-on, — de ses réserves en or. Dans la séance du 18, la débâcle du mark se déclencha tout à coup ; la Banque d’Empire ayant cessé d’intervenir, les cours atteignirent 32 000 marks pour un dollar. « Cette déroute, écrit mélancoliquement le Daily Telegrah, a détruit d’un seul coup le travail patient et coûteux de ces trois derniers mois. » Sans doute, la Reichsbank n’est pas au bout de