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Pugliesi-Conti y apportera mes vœux et les encouragements de la métropole. Il nous rejoindra demain au petit port de Lota, où nous arrivons dans la soirée.

A Lota, une entreprise d’origine française a ouvert des mines de charbon, dont les galeries s’étendent sous l’Océan. Leur visite est très intéressante ; nous descendons par un puits à 300 mètres, puis un petit chemin de fer électrique nous emmène à 3 kilomètres sous terre et sous mer, là où commencent les galeries d’exploitation. Les ingénieurs travaillent dans un beau château, au milieu d’un parc magnifique, qui contient, dans ce pays privilégié, la diversité d’arbres la plus extraordinaire que j’aie jamais vue ; tout ceux de nos climats, tous ceux des tropiques, avec les essences particulières au Chili, dont toutes les variétés du splendide araucaria. Ce domaine couvre toute une presqu’île que bordent des rochers à pic, où de pittoresques points de vue ont été aménagés. Les mines de charbon se sont jumelées avec des mines de cuivre, d’où la fonderie que nous voyons ; la terre brune du pays permet de cuire des tuyaux et des vases d’excellente qualité ; pour le boisage des galeries, une vaste concession forestière est entrée en exploitation et ses produits, qui dépassent de beaucoup ses besoins, donnent des recettes supplémentaires. Il y a là tout un ensemble très intéressant, qui nous est expliqué par le personnel directeur, dont la réception est très cordiale. Les ouvriers deviennent d’un maniement un peu difficile, la grève est menaçante, et quelques détachements de troupe ont été mandés. On apprécie beaucoup le fait que le maire, président du Syndicat ouvrier, soit venu, malgré ses opinions avancées, saluer le général qui venait saluer son pays au nom de la France.

Voici le Michelet en rade de Lota. Le dîner nous réunit à bord avec nos hôtes d’aujourd’hui et ceux d’hier. Nous prenons congé des officiers chiliens mis à ma disposition et qui m’ont été du plus précieux secours pendant ces journées de réceptions si chargées. Leur présence nous a permis de prendre contact avec le corps d’officiers de la belle armée chilienne, et nous avons constaté sa tenue brillante, son excellent esprit militaire, son ardeur au travail et une précieuse qualité, toute négative qu’elle soit, son éloignement de la politique.