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français, musique, etc., telles sont les principales matières d’enseignement de l’Association.

Volonté tenace, esprit infatigable, il se dépense sans compter dans un grand nombre de sociétés dont il est l’animateur. Par surcroît, il s’intéresse aux sports, principalement à la natation où l’une de ses filles se distingue (Baucq, marié à vingt-deux ans, laisse une veuve et deux filles). Il organise des championnats, offre des coupes et des médailles et, en qualité de délégué belge, assiste en juin 1914 au Congrès international des sports, présidé par M. Poincaré.

Cet homme d’action aimait les vers, et il ne dédaignait pas de taquiner parfois la Muse. Ses auteurs préférés qui garnissent sa belle bibliothèque, sont Samain, Van Leerberghe, Fernand Gregh, surtout Rostand et Verhaeren dont il raffolait. Outre son Journal, il a, du reste, laissé un cahier de vers.

La guerre ne mit pas fin à l’activité de Philippe Baucq ; l’invasion de la Belgique, les massacres de Visé, d’Aerschot, l’incendie de Louvain, l’entrée des Prussiens à Bruxelles furent pour lui autant de coups de fouet qui stimulèrent son énergie de patriote. C’est ainsi que, bravant le cachot, les travaux forcés et la mort, se riant des ordonnances du gouverneur général Bissing, Philippe Baucq devient l’âme d’une organisation ramifiée sur toute la Belgique et jusque dans la France du Nord, qui avait pour but de recueillir les soldats alliés, prisonniers de guerre évadés ou dispersés dans le pays, pour les faire accompagner ensuite par des guides sûrs jusqu’à la frontière hollandaise d’où ils pourraient regagner le front.

L’organisation s’amplifie ; le prince et la princesse de Croÿ offrent l’hospitalité à ces hommes, brûlant de servir à nouveau leurs pays, dans leur château de Bellignies où ils sont habillés, ravitaillés, photographiés et pourvus de fausses pièces d’identité. Mlle Thuliez, M. Capiau, la comtesse de Belleville se chargent de les héberger ou de les conduire jusqu’à Bruxelles où ils sont reçus chez l’infirmière Edith Cavell, chez Baucq, chez le pharmacien Severin ou chez Mme Bodart. En dernier lieu, ils étaient confiés à Baucq qui, après avoir repéré lui-même les routes, les dirigeait, à l’aide d’hommes de confiance, sur la Hollande.