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L’EXPÉRIENCE ITALIENNE

IV[1]

LE DÉNOUEMENT FASCISTE


Le 19 juillet 1922, quelques heures avant la chute du premier ministère Facta, M. Mussolini avait prononcé à la Chambre un discours énergique et menaçant. « Le Fascisme, déclarait-il en manière de conclusion, résout finalement la crise qui le tourmente : il dira d’ici peu s’il veut être un parti légataire ou un parti insurrectionnel. Nous avons dans le pays des forces nombreuses, organisées, disciplinées. Si, par aventure, on voyait sortir de la crise un gouvernement de réaction antifasciste, prenez-en acte, nous agirions avec la plus grande énergie, avec une rigueur inflexible : nous nous insurgerions. »

Quelques mois après, le chef du mouvement fasciste avait pris son parti. Il s’était décidé pour une action qui, à vrai dire, n’était ni absolument légataire, ni tout à fait insurrectionnelle. » Les « chemises noires, » massées par son ordre autour de Rome, n’attendaient qu’un signal de lui pour en forcer les portes. Ce signal, M. Mussolini l’eût peut-être donné. Mais le Roi le prévint, en confiant lui-même le gouvernement de l’Italie à l’homme qui était fermement résolu à le prendre, et qui en avait les moyens. Les portes de Rome s’ouvrirent, et les fascistes entrèrent, non pour procurer à leur chef une victoire sanglante, mais pour assister a son pacifique triomphe.

II faut revenir sur les événements qui séparent le discours du 19 juillet du coup d’État du 28 octobre : ils expliquent, dans

  1. Voyez la Revue des1er, 15 mai et 15 juin.