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SONNET
LA GAIE ET LA MÉLANCOLIQUE

Arthémise est fort gaie et sa sœur est fort triste ;
L’une rit en tous lieux ; l’autre pleure en tous temps.
L’une suit tour à tour cent pensers inconstants,
Et l’autre, inébranlable, en son chagrin persiste.

L’une sait mépriser tout ce qui lui résiste ;
L’autre, des plus heureux, ferait des mécontents ;
Enfin plus je les vois et moins je les entends,
Et moins je puis trouver où leur plaisir consiste.

Rire éternellement ! pleurer presque toujours !
Employer à causer et les nuits et les jours !
Ne dire pas deux mots en. toute une semaine !

Nature où songeais-tu dans ce dérèglement ?
Et que ne faisais-tu, si ta règle est certaine,
Du mélange des deux un beau tempérament.


SONNET
l’indifférente

Aimez ou n’aimez pas ; changez ; soyez fidèle ;
Tout cela pour Philis est fort indifférent.
Comme votre conquête a peu touché la belle,
Elle perd votre cœur ainsi qu’elle le prend.

L’on ne peut la nommer, ni douce, ni cruelle ;
Son insensible esprit ne combat ni se rend.
Elle entend les soupirs que l’on pousse pour elle ;
Mais ce cœur de rocher ne sait ce qu’il entend.