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IS-ṬU-BAR — GILGAMÈS

présence de Gilgamès, il recommença le récit de son aventure et ses doléances[1].

Gilgamès, ayant écouté attentivement, ordonna dans sa sagesse à Zaïdu[2], d’amener avec lui deux prostituées du temple d’Istar, Harimtu et Samhatu et d’aller, ainsi accompagné, à la rencontre d’Eabani. Que Samhatu se montre seulement, à son approche, dans sa beauté impure de courtisane ! Cela lui paraissait un moyen sûr, de tirer le monstre loin de ses bêtes. Eabani se laisserait séduire infailliblement, car, il est bien fort celui qui résiste à l’amour[3].

Zaïdu, suivant de point en point les ordres de Gilgamès, partit escorté des femmes Harimtu et Samhatu. Au bout de trois jours de marche, ils parvinrent au terme de leur voyage. Un moment, Zaïdu et Harimtu firent halte… S’étant placés ensuite en embuscade aux environs de la source, après deux jours d’attente, ils aperçurent enfin Eabani, l’enfant de la montagne, parmi les gazelles, les bêtes et les reptiles. Dès que Zaïdu le vit s’avancer de loin, au milieu de la plaine, il le montra du doigt à Samhatu…[4].

Ici se place une scène de séduction, dans laquelle, par l’intermédiaire du chasseur Zaïdu, Eabani est mis en présence de Samhatu ; une action, conçue dans le goût antique, avec les trois personnages obligés et traitée avec un réalisme, qui laisse bien loin derrière lui nos modernes licences. Ces anciens avaient l’impudeur de la nature. La situation d’ailleurs, pour être

  1. Tab. II. Col. III, I. 25-39.
  2. Si la restitution des l. 19-24 est exacte, Gilgamès aurait simplement accédé, en agissant ainsi, à une demande faite par Zaïdu à l’instigation de son père.
  3. Tab. II. Col. III, l. 40-45.
  4. Tab. II. Col. III, l. 46-51 et Col. IV, l. 1-8.