Page:Revue des religions, Vol 1, 1892.djvu/526

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céder. Gilgamès exposa alors à Sabit le but de son voyage. « Mon ami, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière ; oui, Eabani, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière. Moi, je ne veux pas mourir comme lui, je ne veux point le suivre dans sa prison redoutable. » Voilà pourquoi il se rendait en hâte auprès de Samas-napistim, son aïeul. — « Allons, Sabit, indique-moi le chemin qui mène vers Samas-napistim, de grâce, ne me refuse pas ! Je franchirai la mer si cela se peut, sinon, je reviendrai sur mes pas. » — « Non, lui répondit Sabit, la mer ne se peut franchir, de mémoire d’homme, personne ne l’a jamais franchie, si ce n’est pourtant le dieu Samas. Mais qui donc pourrait ce que peut le dieu Samas ? La traversée est rude et le chemin malaisé. Et d’ailleurs, à supposer que tu franchisses la mer, une fois arrivé devant les eaux de la mort que feras-tu ?... Car, tu le sais sans doute, au milieu de la vaste mer, à sa limite extrême, les eaux de la mort se divisent en deux branches... Cependant, puisque cela te tient à cœur, adresse-toi à Amel-Ea. C’est lui, le pilote de Samas- napistim. Va, coupe avec lui un cèdre dans la forêt à l’aide d’un instrument de pierre. Une fois qu’il t’aura vu, tu passeras avec lui, si cela se peut, sinon, tu reviendras sur tes pas [1]. »

Gilgamès, ne se sentant pas de joie, courut droit à la rencontre d’Amel-Ea, le pilote... [2] Or, comme celui- ci l’interrogeait, Gilgamès, encore une fois, conta sa douleur et exposa le but de son voyage. « Mon ami, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière : oui, Eabani, celui que j’aimais tant est retourné en

  1. Tab. X. Col. II, l. 8-31. On ne saurait rien tirer du début de la col. II. Ce fragment, d’ailleurs, ne paraît pas être ici à sa place.
  2. Tab. X. Col. II, l. 32-34.