Page:Revue des religions, Vol 1, 1892.djvu/528

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Ce n’est pas assurément un homme quelconque, celui qui vient ainsi vers nous. Tiens, on dirait qu’à sa droite... [1] »

À peine finissait-il de parler, que Gilgamès l’aborda De prime abord il se fit connaître et raconta toute son histoire ; il dit à Samas-napistim, sa lutte contre le guépard de la plaine, contre le taureau divin, contre Humbaba, le mystérieux habitant de la forêt de cèdres, enfin contre les lions... Il mettait à conter cela ce naïf orgueil, que mettrait un petit-fils à conter à son vieux grand-père ses prouesses, au retour d’une expédition lointaine. Puis, il lui confia sa peine : « Mon ami, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière oui, Eabani, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière. Moi, je ne veux point mourir comme lui, je ne veux point le suivre dans la prison redoutable. C’est pourquoi je suis venu te trouver, toi, Samas-napistim, l’Éloigné, dont on parle tant. Je ne me suis pas laissé rebuter par les difficultés et les périls de la route. J’ai parcouru des plaines, franchi d’âpres montagnes, traversé la mer. J’ai connu la détresse, et ressenti la douleur. J’allais, les vêtements en lambeaux, me nourrissant de la chair des bêtes... J’ai tout supporté, tant je désirais te voir et apprendre de ta bouche le secret de la vie [2]. »

Samas-napistim ne céda point d’abord à la demande de Gilgamès. Il commença par l’exhorter à la résignation. Nul ne saurait échapper à la mort. C’est le destin… Les dieux et les hommes n’y peuvent rien [3]. La mort est le dernier ennemi de l’homme, le seul que l’homme

  1. Tab. X.Col. IV, l. 1-21.
  2. Tab. X. Col. V, l. 1-35. Cf. le duplicata de la Tab. X. Col. V, l. 10-25. On ne saurait rien tirer du fragment qui termine la col. V. Il n’est pas certain, d’ailleurs, que ce morceau soit ici à sa place.
  3. Tab. X. Col. V, l. 36-45.