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Page:Revue générale de l'architecture et des travaux publics, V1, 1840.djvu/27

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médiocre profondeur et il coule sur le roc nu, ce qui donnait beaucoup de facilité pour les fondations. La ville de Richmond étant sur un plateau qui se prolonge de l’autre côte du James-River, il a fallu établir le pont avec une grande élévation au-dessus du fleuve.

Ce pont a une longueur de 2,844 pieds (867m.42) entre les culées. Cette longueur est partagée en dix-neuf travées, dont la portée, du centre d’une pile au centre de l’autre, varie de 140 à 153 pieds (42m.70 à 46m.66) ; une seule, qui touche à une des culées, a 130 pieds (39m.65). Dix travées ont la largeur maximum de 153 pieds (46m.66) ; quatre ont 150 pieds (45m.75) ; quatre 140 pieds (42m.70), et une seule, avons-nous dit, 130 pieds (39m.05).

Il repose sur des piles construites en granit dégrossi sur les faces extérieures et taillé seulement sur les joints. Ces piles n’ont que 4 pieds (1m.22) d’épaisseur sur 18 pieds (5m.49) de long à leur sommet. Leur hauteur est variable selon la profondeur du lit de la rivière aux divers points où elles ont été établies ; mais elle est de 40 pieds (12m.20) au-dessus du niveau de l’étiage. Les rails du chemin de fer sont à 20 pieds (6m.10) plus haut, parce que le tablier a été posé au-dessus du treillis. Le chemin de fer est ainsi suspendu à 60 pieds (18m.30) au-dessus du niveau de l’étiage.

Le chemin de fer est à double voie sur le pont.

La Fig. 1 représente l’élévation générale du pont, à l’échelle de 0,05 pour 100 m.

La Fig. 2 montre la même élévation, à l’échelle de 0m.0065 pour lm., avec tous les détails de la construction, et en supposant que le bordage qui recouvre la charpente, pour l’empêcher d’être dégradée par la pluie, ait été enlevé sur une partie du pont.

La Fig. 3 indique la coupe transversale de la charpente.

La Fig. 4 donne la coupe horizontale de la charpente par un plan mené à la hauteur AB, Fig. 3. Elle fait voir la disposition des pièces horizontales qui contre-ventent le tablier supérieur du pont.

La Fig. 5 est une coupe, par un plan horizontal, à la hauteur CD, Fig. 3. Elle représente la disposition d’une des culées et celle dos contre-vents du bas de la charpente.

La Fig. 6 donne la projection du tablier supérieur du pont, vu en dessus, celle des systèmes, l’un supérieur, l’autre inférieur de contre-vents, et celle du couronnement de la pile.

Les dimensions cotées sur le dessin sont exprimées en pieds et en pouces anglais. Les proportions relatives des diverses pièces sont ainsi mieux en évidence que si l’on avait converti les mesures anglaises en mesures françaises[1].

La charpente du pont de Richmond se compose sur chaque flanc d’un double treillis, Fig. 2 et 3, aa bb, a’a' b’b’. Il y a deux entraits ou cordons cc, dd, au bas de la charpente, et un double cordon ee au sommet. Chaque cordon est triple, puisque chaque treillis doit être bordé par le cordon sur chacun de ses côtes et qu’il y a deux treillis ; et chaque cours de pièces composant le cordon est formé lui-même de deux moises accolées l’une à l’autre. Toutes les pièces qui entrent dans les divers cordons ont 3 pouces d’épaisseur sur 1 pied de large. Celles qui forment le treillis ont 3 pouces d’épaisseur sur 11 pouces de large. Au pont de Richmond, les diagonales, mesurées depuis la ligne milieu de chaque moise, ont l’une 4 pieds (1m.22), et l’autre 4 pieds 9 pouces 2/3 (1m.47).

La muraille formée par l’ensemble du treillis et des cordons, de chaque côté du pont, a donc une épaisseur de 30 pouces (0m.76), provenant de dix pièces de 3 pouces accouplées deux à deux pour former, les unes un treillis, les autres un cordon.

L’écartement des deux murailles est de 12 pieds 6 pouces (3m.81), de dedans en dedans. Il en résulte que, de dehors en dehors, la charpente qui soutient le tablier supérieur à 17 pieds 6 pouces, non compris un bordage latéral ssss, en planches très-minces, de 3/4 de pouce ou 19 millimètres, dont on revêt extérieurement la charpente pour la garantir de la pluie.

Les deux murailles en treillis portent à leur partie inférieure des traverses ou poutrelles (bottom girders), mm, mm (Fig. 5), de 14 pouces de haut sur 10 de large, et de 17 pieds 6 pouces (5m.34) de long, placées à 16 pieds (4m.88) l’une de l’autre, de centre à centre, et elles soutiennent, à leur partie supérieure, d’autres traverses (top girders), gg, gg (fig. 4), qui ont le même équarrissage, mais qui ont une longueur de 22 pieds 5 pouces (6m.85). Ces traverses offrent, vers chacune de leurs extrémités, une entaille d’une largeur égale à l’épaisseur de la muraille, dans laquelle la muraille entière, avec ses deux treillis et ses trois cordons, entre comme un tenon dans une mortaise. Sur les traverses gg, gg, est établi un plancher tttt, légèrement incliné, pour l’écoulement des eaux, vers chacun des flancs du pont, et sur lequel sont posées les deux voies du chemin de fer.

Chaque voie a pour rails deux longrines rr, r’r’ (Fig. 3 et 6), recouvertes d’une mince bande de fer de 2 pouces (5 centim.) de large sur un 1/2 pouce (13 millim.) d’épaisseur. D’autres longrines hh, h’h’, placées sur les traverses gg, exactement au-dessous de rr, r’r’, donnent de l’assiette à rr, r’r’. Pour mieux affermir le plancher ttt, en outre des quatre longrines hh hh, h’h’ h’h’, on lui donne l’appui de longrines supplémentaires uu, u’u’, u’u’, un peu plus minces que les précédentes, et placées au milieu du plancher et sous la ligne du milieu de chacune des voies.

Pour la sûreté des convois, chaque rail rr, r’r’, est accompagné d’un rail de garde (guard rail) vv, v’v’, formé par une longrine fixée au rail par un boulon, du côté qui regarde le dedans de la voie. Les longrines vv, v’v’, ont, comme les rails, une laideur de 5 pouces (13 cent.) ; leur face supérieure est à 5 pouces en dessus de celle de la bande de fer qui recouvre le rail. Entre chacun des rails et le rail de garde qui lui est joint, le contact est parfait par le bas ; mais vers le haut ils sont échancrés l’un et l’autre de manière à laisser entre eux un petit sillon où se loge le bourrelet saillant des roues des wagons ou des locomotives. Ces rails de garde rendent impossible que la locomotive ou les wagons sortent de la voie.

Les traverses gg, gg, sont affermies les unes contre les autres au moyen de pièces diagonales ou contre-vents ll, ll (Fig. 4 et 6). terminés par des tenons qui entrent dans des mortaises y (Fig. 3), D’autres pièces nn, nn, contre-ventent le système des traverses mm, mm (Fig. 5 et 6), et s’assemblent avec elles au moyen de tenons qui se logent dans les mortaises y’ (Fig. 3). Pour augmenter encore la fixité de la charpente, on a relié les traverses supérieures gg aux traverses inférieures mm, par des contre-fiches pp.

  1. Pour indiquer les pieds, on a mis un accent, et pour les pouces on en a mis deux. Ainsi 17′ 6″ signifie dix-sept pieds six pouces. Les accents ont été supprimés pour ce qui indique l’équarrissage des pièces, parce qu’il ne peut, en pareil cas, être question que de pouces. Ainsi 3 × 11 signifie une pièce dont la section a trois pouces sur onze.