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MÉLANGES ET DOCUMENTS


VILLES, MARCHÉS ET MARCHANDS
AU MOYEN ÂGE.


J’ai tenté ici même[1], il y a quelques années, d’exposer l’état des recherches consacrées à la formation des villes du moyen âge. De cette enquête ressortait, en somme, une situation très simple et très nette. Au moment où j’écrivais, les diverses théories qui prétendaient expliquer les origines urbaines, soit par la gilde, soit par le droit domanial (Hofrecht), soit par les privilèges ottoniens et la constitution publique de l’époque franque, affaiblies déjà par leur mutuel antagonisme, n’avaient pu résister à la critique acérée de M. von Below. D’autre part, M. Sohm, réunissant dans une forte synthèse juridique et pliant sous l’effort de son vigoureux génie les résultats obtenus par MM. Schrœder et Schulte, formulait un nouveau système qui faisait du marché l’ancêtre de la ville. Sur le terrain déblayé des constructions anciennes, il élevait un édifice dont la logique et la belle ordonnance ne pouvaient manquer d’exercer tout d’abord sur les esprits désorientés par les démolitions de M. von Below une véritable fascination. Toutefois, à peine formulées, ses conclusions se trouvaient aux prises avec la critique. Les raisonnements sur lesquels elles se fondaient semblaient bien peu solides. On leur reprochait à bon droit d’abuser de l’abstraction juridique et d’être, en somme, plus ingénieux que convaincants. Néanmoins, une direction nouvelle était désormais indiquée, et c’est autour de la Marktrechtstheorie que se ralliaient la plupart de ceux qui cherchaient une solution à la question si passionnante de la formation des villes.

Plus heureux que Nitzsch, qu’Arnold et que Heusler, dont les ouvrages semblent n’avoir guère exercé d’influence en dehors de l’Allemagne, M. Sohm a trouvé en France des partisans. En 1897, M. Huvelin, dans un remarquable Essai historique sur le droit des

  1. Revue historique, t. LIII, p. 52 et suiv.