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REVUE PÉDAGOGIQUE.

ture européenne. Il faut lutter à la fois contre le temps et contre l’espace : contre le temps ; car il s’agit d’accomplir en quelques années les progrès que le long travail des siècles a élaborés dans les États de l’Occident : contre l’espace ; car dans des provinces plus grandes que des royaumes, et où les voies de communication font le plus souvent défaut, les rapports entre les hommes sont difficiles, parfois impossibles. Faut-il rappeler ici ce qu’un climat impitoyable dans les rigueurs de ses hivers comme dans les ardeurs de ses étés exige d’énergie physique et de vigueur morale dans la « lutte pour l’existence » ? Loin de nous étonner que la Russie soit encore en retard sur nous, nous devons au contraire signaler et saluer avec sympathie tous les efforts qu’elle fait pour nous atteindre et nous égaler. Sur certains points d’ailleurs, elle nous a peut-être dépassés. Nulle part l’enseignement secondaire et supérieur des femmes n’a été constitué dans d’aussi vastes proportions qu’en Russie, dit avec raison M. Hippeau dans l’intéressant volume qu’il vient de consacrer à ce pays[1]. Nous aurions beaucoup à faire pour mettre nos pensions de jeunes filles à la hauteur des instituts ou gymnases moscovites. Gardons-nous donc de trop nous réjouir de notre supériorité actuelle en matière d’instruction primaire. Il y a peu de temps sans doute que cette instruction est organisée en Russie ; mais elle a déjà donné d’excellents résultats.

I

Pierre le Grand quand il entreprit « de transformer en hommes son troupeau d’ours », comprit toute l’importance

  1. L’Instruction publique en Russie, 1 vol. in 12, librairie Académique Didier.