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LES ÉCOLES EN RUSSIE.

« Profondément convaincu de l’utilité de cette mesure, j’estime d’autre part que, vu l’insuffisance des écoles et des maîtres, il n’y a lieu de l’appliquer que progressivement, en prenant l’avis des conseils généraux, des municipalités et en commençant par les arrondissements où il y a de bonnes écoles et de bons instituteurs. Vu l’importance de la question, j’ai l’intention de la faire soumettre à un examen attentif. »

C’est parler sagement. Le comte Tolstoï a tenu parole et dans le courant de l’année 1876, il a fait imprimer et distribuer à tous les membres des conseils scolaires une brochure d’une vingtaine de pages sous ce titre : « Recueil de questions relatives à l’introduction de l’enseignement obligatoire dans les écoles primaires. » Ces questions, au nombre de vingt-neuf, sont chacune accompagnées d’un commentaire explicatif. Le Ministre ne veut pas seulement imposer l’instruction : il veut en démontrer les avantages. Il demande, par exemple, quelles mesures on pourrait prendre pour faire comprendre aux paysans le profit qu’ils retireront de l’éducation des enfants : il prie qu’on lui signale les moyens d’intéresser le clergé rural à la cause de l’enseignement primaire et d’entretenir le souvenir des choses apprises chez ceux qui sont sortis de l’école. Il demande comment-on peut concilier les travaux rustiques des élèves avec l’obligation scolaire. Cet appel n’est pas resté sans écho ; l’opinion publique s’en est émue et les conseils électifs ont longuement délibéré non-seulement dans les grands centres, mais dans des bourgades obscures dont le nom difficile à prononcer ne figure même pas sur nos cartes.

La conclusion à laquelle les meilleurs esprits se sont rattachés est celle que M. Hippeau signale comme la