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REVUE PÉDAGOGIQUE.

catholique avait entendu donner à l’œuvre nouvelle, c’est-à-dire restreindre dans les proportions les plus mesquines l’action sociale de l’État en matière d’enseignement.

En résumé, cette loi créait l’action combinée de la commune, de la province et de l’État, tout en laissant subsister l’action de la liberté, et de cette double action devait sortir une concurrence dont les effets seraient persistants et féconds.

L’application de la loi du 93 septembre 1842 s’est continuée jusqu’à présent dans cet esprit général, malgré les luttes et les divisions toujours plus grandes des partis : les catholiques, forts du terrain conquis depuis l’époque de la « transaction », voulant que, suivant un mot de Jules Simon au Congrès de Gand, mot peut-être regretté depuis, l’État prépare partout sa démission comme instituteur ; les libéraux avancés, ne comprenant ni l’opportunisme ni les vérités relatives et demandant que l’on rentrât dans le sentier constitutionnel en abrogeant les dispositions d’une loi qui admet le prêtre à titre d’autorité dans l’école.

Le parti libéral, tout en étant très-partagé sur la question de la révision, n’a jamais varié sur la question des droits de l’État en matière d’enseignement, ainsi que le prouvent les citations ci-après des discours de ses représentants les plus autorisés :

C’est pour maintenir l’enseignement à une hauteur convenable que la loi organise l’instruction publique. L’État force ainsi la liberté à le suivre dans l’essor qu’il imprime à l’enseignement. — (Ch. Faider, ancien ministre de la Justice.)

Il faut, pour faire de l’enseignement et principalement de l’enseignement primaire et de l’enseignement supérieur, il faut les grandes forces sociales et le concours de toutes y suffit à peine. — (Frère-Orban, ministre des finances.)

À côté de l’opinion de ces deux hommes d’État, je rap-