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L’INSTRUCTION PRIMAIRE EN ANGLETERRE.

de tous les autres biens ; aussi ne fait-il pas difficulté de s’imposer le devoir de rechercher et d’acquérir l’instruction. En Angleterre on a le goût inné des affaires, on veut gagner de l’argent et arriver vite à la fortune sans laquelle il n’y a dans ce pays nulle considération ; aussi longtemps que nous donnerons la préférence à ces choses, nous pourrons légiférer à notre aise sur l’instruction populaire, nous ne ferons œuvre ni sérieuse ni durable. Quand l’instruction sera appréciée chez nous comme elle l’est en Allemagne, nous pourrons songer à la rendre obligatoire. Pour le moment, le meilleur moyen de servir la cause de l’enseignement est d’en faire naître et développer le goût dans l’esprit de la nation. »

La loi de 1870, sans être parfaite, a réalisé un grand bienfait, en ce que l’action de l’État s’est substituée à l’initiative privée, et que, par la formation des comités scolaires, l’instruction à pénétré jusque dans les localités les plus retirées et les plus obscures. L’ignorance et l’apathie des parents, de même que la cupidité des chefs d’industrie, seront encore des obstacles à la diffusion de l’enseignement, surtout dans les centres manufacturiers et dans les pays agricoles ; mais ces résistances ne sauraient tenir longtemps contre la puissance des moyens employés pour les vaincre. Ce qui importe, c’est de faire d’abord comprendre aux classes pauvres les avantages de l’instruction et d’exciter en elles le désir de l’acquérir. Avec le temps des générations plus éclairées s’élèveront, et sous l’influence d’une législation nouvelle, apprécieront mieux l’importance d’une éducation vraiment nationale.

Les hommes d’État et les publicistes anglais pensent généralement que quiconque s’occupe de l’éducation des enfants, doit avoir en vue trois choses : initier les enfants aux con-