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L’ÉCOLE TURGOT AU HAVRE.

d’y insister. Mais ce serait une erreur de penser qu’il a été nul. On a beau être écolier : pour peu qu’on ait l’esprit attentif et l’âme ouverte, on ne contemple pas sans éprouver des impressions fortes et élevées des paysages tels qu’en présentent les bords de la Seine entre Rouen et Quillebœuf, et la côte du Calvados entre Honfleur et Trouville. Les maîtres ont entendu plus d’une parole qui atteste que nous ne faisons pas ici une pure hypothèse.

Nous en avons dit assez pour montrer les avantages des voyages d’instruction, comment ils précisent et étendent les connaissances déjà acquises, et quels horizons nouveaux ils ouvrent à l’intelligence des élèves appelés à y prendre part. Plus heureux que les laboureurs dont parle Virgile, ces jeunes gens connaissent leur bonheur et le manifestent franchement. Aussi l’attrait d’une si belle récompense n’est-il pas sans action sur le travail général dans les écoles : bon nombre d’enfants redoublent de vigilance sur eux-mêmes et d’ardeur dans l’accomplissement de leur tâche pour se voir classés parmi les élus à la fin de l’année scolaire. M. le Préfet de la Seine a donc trouvé un nouveau moyen d’émulation des plus efficaces, et qui a le mérite de n’être pas fondé sur les satisfactions passagères de l’amour-propre. De bons esprits ont pu, avant que la mesure fut mise à exécution, éprouver quelques doutes sur sa portée pratique, et se demander si elle serait beaucoup plus qu’un témoignage de satisfaction accordé à quelques élèves. L’expérience leur à répondu, et ils sont maintenant les premiers à souhaiter que l’institution des voyages de vacances s’établisse définitivement dans le régime des écoles supérieures de la Ville de Paris.

Porcher,
Directeur de l’école municipale Turgot.