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REVUE PÉDAGOGIQUE.

qu’elles sont insuffisantes ou qu’elles n’existent pas, équivaut. à un refus.

Ainsi, actuellement, il existe en France 1,500 communes privées de toute espèce d’écoles, et 25,000 des écoles existantes demandent à être reconstruites, agrandies ou réparées, afin d’être appropriées à leur destination. À Paris, à Paris même, 30,000 enfants sont privés d’instruction parce que la place leur manque à l’école, et, dans deux arrondissements, les élèves ont près d’un kilomètre à franchir pour arriver à l’école ou à l’asile.

À défaut d’un refus nettement formulé, le père de famille se trouve donc en présence d’une impossibilité matérielle, et, en définitive, le résultat est identique.

Et, cependant, on aurait tort d’accuser l’Administration de négligence et d’abandon ; chacun connaît à cet égard les préoccupations des différents ministres qui se succèdent ; et, pour ne parler que du département de la Seine, grâce aux efforts du Conseil municipal de Paris, 37,000 enfants ont vu, depuis 1871, s’ouvrir pour eux la vie scolaire. Ainsi l’on comptait, en 1871, à Paris 341 écoles et asiles, et 67,500 enfants en restaient exclus. En 1876, Paris possède 382 écoles, et le nombre des enfants qui en est forcément exclu est réduit de moitié.

Maintenant, remarquons l’enchaînement des faits : la France, moins avancée en ceci que l’Allemagne, le Wurtemberg, le duché de Bade, l’Autriche, la Bavière, le Danemark, la Suède, la Suisse, le Portugal, n’a pas encore rendu l’instruction obligatoire ; elle ne peut, en ce moment, réaliser ce progrès, parce qu’elle proclamerait une déception et exigerait une chose impraticable. Comment, en effet, obliger les parents à envoyer leurs enfants à l’école, quand les écoles manquent ou sont insuffisantes ?

La construction d’écoles nouvelles, l’amélioration de celles qui existent, se lient donc intimement au développement de l’instruction populaire, et c’est ce côté de la question qui la rend si utile, si intéressante et si actuelle.

L’enfant se rend à l’école le matin vers huit heures, seul le plus souvent. Il franchit le seuil redouté, pénètre dans une grande salle servant, à la fois, de vestibule, de préau, de ves-