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REVUE PÉDAGOGIQUE.

de l’enseignement primaire, en y établissant deux degrés, la loi était bien fondée à nommer enseignement primaire supérieur le degré qu’elle superposait à l’enseignement primaire élémentaire. Pour le présent, c’était l’enseignement de la petite classe moyenne qu’elle organisait ; pour l’avenir, avec les développements que cet enseignement était appelé nécessairement à recevoir, suivant les circonstances, en raison des besoins croissants d’instruction générale et des besoins particuliers aux divers milieux, il pouvait s’approprier et suffire à toute la partie de la classe moyenne aisée qui se détournerait des études classiques. Telle n’a pas été la destinée de l’enseignement primaire supérieur. Il n’est pas de notre sujet d’entrer dans l’examen des différentes causes qui en ont arrêté le progrès et l’ont condamné à languir. Une de ces causes a été la dénomination même sous laquelle se présentait le nouvel enseignement. On trouva que supérieur ne pouvait être associé à primaire, que les deux mots répugnaient par leur essence même, et qu’une école supérieure ne devait être qu’une école de haut enseignement. D’autre part, la petite bourgeoisie, comme on disait encore en ce temps-là, était offusquée par les mots d’école et de primaire. Il aurait fallu pour la séduire adopter le mot de collége et mettre dans le programme une ombre de latin ; car, dans son sentiment, les gens dénués envoyaient seuls leurs enfants à l’école, et l’on n’avait pas fait d’études si l’on ne s’était frotté au latin. Tout grand historien qu’il fût, M. Guizot n’avait pas compté avec l’éternelle vanité française.

Cependant, des esprits éminents dans l’Université se préoccupaient de donner satisfaction sous une autre forme aux besoins des classes moyennes. La plupart des colléges,