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LE SCARABÉE SACRÉ.

III. — VARIÉTÉS

LE SCARABÉE SACRÉ.
(Suite.)

Les provisions sont faites ; il s’agit maintenant de se retirer de la mêlée et d’acheminer les vivres en lieu opportun. Ici commencent les traits de mœurs les plus frappants du scarabée. Sans délai, le bousier se met en route ; il embrasse la sphère de ses deux longues jambes postérieures, dont les griffes terminales implantées dans la masse servent de pivots de rotation ; il prend appui sur les jambes intermédiaires, et faisant levier avec les brassards dentelés des pattes de devant, qui tour à tour pressent sur le sol, il progresse à reculons avec sa charge, le corps incliné, la tête en bas, l’arrière-train en haut. Les pattes postérieures, organe principal de la mécanique, sont dans un mouvement continuel ; elles vont et viennent, déplaçant la griffe pour changer l’axe de rotation, maintenir la charge en équilibre et la faire avancer par des poussées alternatives de droite et de gauche. À tour de rôle, la boule se trouve de la sorte en contact avec le sol par tous les points de sa surface, ce qui la perfectionne dans sa forme-et donne consistance égale à sa couche extérieure par une pression uniformément répartie.

Et hardi ! Ça va, ça roule ; on arrivera, non sans encombre cependant. Voici un premier pas difficile : le bousier s’achemine en travers d’un talus et la lourde masse tend à suivre la pente ; mais l’insecte, pour des motifs à lui connus, préfère croiser cette voie naturelle, projet audacieux dont l’insuccès dépend d’un faux pas, d’un grain de sable troublant l’équilibre. Le faux pas est fait. La boule roule au fond de la vallée ; l’insecte, culbuté par l’élan de la charge, gigotte, se remet sur jambes et accourt s’atteler. La méca-