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ÉDUCATION DE PAULINE DE GRIGNAN.

avec elle, Mme de Sévigné, rebutée du mauvais style, non moins que de la morale parfois un peu puérile du bon Père, ne goûtait pas trop ce préservatif : « Que je vous plains, écrit-elle à la comtesse, de lire de telles choses ! Il serait beau que vous fissiez comme à Sainte-Marie : les deux juments de M. de Sévigné ont couru les champs ; cela nous avertit qu’il ne faut point laisser de jeunes personnes la bride sur le cou, sœur Pauline voilà votre fait ; le soleil se coucha dans un furieux nuage hier et le brouillard fut fort épais ; cela nous avertit, mes sœurs, qu’il ne faut point se promener en cette saison. Voilà ce qui me revient dans l’esprit de cette belle lecture, et toute la morale qu’on en peut tirer. » Ce qui la fâche surtout, c’est la défense de lire Corneille : « Je ne pense pas que vous ayez le courage d’obéir à votre père Lanterne ; voudriez-vous ne pas donner le plaisir à Pauline, qui a bien de l’esprit, d’en faire quelque usage, en lisant les belles comédies de Corneille, Polyeucte, Cinna, et les autres ? N’avoir de la dévotion que ce retranchement, sans y être portée par la grâce de Dieu, me paraît être bottée à cru. Je ne vois point que M. et Mme de Pompone en usent ainsi avec Félicité, à qui ils font étudier et expliquer ces belles pièces. Ils ont élevé Mme de Vins de la même façon, et ils ne laisseront pas d’apprendre parfaitement bien à leur fille comme il faut être chrétienne, ce que c’est que d’être chrétienne, et toute la beauté et la solide sainteté de notre religion. » (5 mai 1689 et 25 janvier 1690.)

Animée de ces sentiments d’une foi tout ensemble élevée et sincère, elle n’a garde, dans son plan d’éducation, d’oublier la haute éloquence chrétienne, dont elle ne se lassait pas elle-même d’admirer les sublimes conceptions : « Nous