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REVUE PÉDAGOGIQUE.

pas seulement l’asile des études et des lettres, elle figure la patrie en petit. Apprendre à connaître l’intelligence, la cultiver, former le cœur à tout ce qui est juste, à tout ce qui est élevé et vertueux, c’est un de ses buts et le premier sans doute. Apprendre à aimer son pays, exercer les qualités de dévouement, de rapport, d’estime réciproques qui naissent comme d’elles-mêmes du rapprochement des classes sociales et constituent ce qu’on pourrait appeler le sens patriotique, c’en est un autre, aussi bien pour des jeunes filles que pour des garçons. Il faut que la jeune fille vive elle-même dans le milieu qui représente son pays, non dans une fraction étroite de son pays ; et que sur les bancs de la salle d’études et sous la règle commune, comme dans nos cérémonies et nos belles fêtes nationales, la patrie se révèle à elle vivante et dans son auguste réalité. »

Parmi les institutions utiles de certaines parties de la Suisse, M. Maguin signale l’établissement de salles d’études pour les enfants. Ceux-ci, en sortant de l’école primaire, ne trouvent pas toujours chez leurs parents la tranquillité nécessaire pour travailler. Quelquefois même les instruments de travail leur manquent. Pour remédier à cet inconvénient, un comité de Lausanne soutenu par des souscriptions volontaires offre gratuitement aux enfants toutes les fournitures scolaires et deux vastes salles, mises à sa disposition par la municipalité.

Au collége cantonal de Lausanne, M. Maguin retrouve cette union de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire que les Suisses paraissent rechercher. Les élèves y passent par une école préparatoire pour entrer dans la section classique. La différence de prix entre les deux sections (10 francs au moins, 20 francs au plus par an) est si faible que les familles font presque toujours succéder l’enseignement classique à l’enseignement primaire préparatoire. Un certain nombre de fils d’ouvriers reçoivent ainsi une instruction complète.

L’ouvrage substantiel de M. Maguin nous fait bien connaître l’état de l’instruction dans la Suisse romande. S’il avait vécu, il aurait ajouté à ces tableaux exacts des réflexions personnelles. Il n’a pas eu le temps de dire tout ce qu’il pensait du système pédagogique de nos voisins. On devine cependant qu’il sait un gré infini à la démocratie helvétique, comme à la démocratie américaine, d’avoir établi la liberté et maintenu le sentiment religieux à tous les degrés de l’enseignement.

A. Mézières,
De l’Académie française.