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REVUE PÉDAGOGIQUE.

et le plus vif des enfants, « jouant indistinctement, comme les jeunes chiens, avec tous ceux qu’il rencontrait[1]. » À la fin du premier livre de la Cyropédie, quand le héros part pour la guerre sous la conduite de Cambyse, dans l’entretien du père et du fils on ne voit plus un éphèbe lacédémonien tremblant devant le pédonome armé de verges : c’est comme un disciple de Socrate aux prises avec la dialectique toujours aimable d’un maître aussi indulgent que subtil. Le naturel attique a repris le dessus dans l’écrivain sur les chimères de l'utopiste admirateur de Sparte. Que ne l’a-t-il toujours inspiré ! Au lieu d’un système pédagogique étroit, exclusif, où nous ne trouvons point d’idées pratiques, et qui ne nous intéresse guère qu’au point de vue de l’histoire, Xénophon eût tracé peut-être de l’éducation, en se rappelant celle qu’il dut donner à ses fils dans son domaine de Scillunte, un tableau plein d’abandon et de charme. Celui qui a fait dans l’Économique ce délicieux portrait de la bonne mère de famille, aurait dû nous laisser un témoignage plus décisif de son intelligence comme éducateur, et de sa tendresse comme père.

(À suivre.)

A. Martin,
Agrégé des lettres.

  1. Cyrop., 1. I, ch. 4.