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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

Il est moins aisé de dégager de la République que des Lois un corps de doctrines pédagogiques. Car tout ce qui a trait à l’éducation, dans ce dernier ouvrage se trouve à peu près rassemblé dans le septième livre. La suite des idées y est plus facile à saisir, leur enchaînement plus rigoureux, et la métaphysique y tient moins de place. Les préceptes sont plus généraux ; ils s’appliquent à tous les enfants ; la distinction qui existait dans la République entre l’éducation des guerriers et celle des magistrats a entièrement disparu. En revanche, le talent littéraire de Platon s’est affaibli, et on peut attribuer à la vieillesse de l’auteur une grande tendance à la diffusion.

Nous trouvons dans les Lois jusqu’à trois définitions de l’éducation, assez différentes entre-elles. Voici la première : « Pour devenir un homme excellent, en quelque profession que ce soit, il faut s’y exercer dès l’enfance, dans les divertissements comme dans les travaux sérieux, sans négliger rien de ce qui peut y avoir rapport : par exemple, il faut que celui qui veut être un jour un bon laboureur, ou un bon architecte, s’amuse dès ses premières années, celui-ci à bâtir de petites maisons d’enfants, celui-là à remuer la terre ; que celui qui les élève leur fournisse de petits outils sur le modèle des outils véritables ; qu’il leur fasse apprendre d’avance ce qu’il est nécessaire qu’ils sachent, avant d’exercer leur profession, comme un charpentier à mesurer et à niveler, au guerrier à aller à cheval, ou à faire quelque autre exercice semblable par forme de passe-temps ; en un mot, il faut qu’au moyen des jeux il tourne le goût et l’inclination de l’enfant vers le but que celui-ci doit atteindre pour remplir sa destinée. Je définis donc l’éducation une discipline bien entendue qui, par voie d’amusement, conduit l’âme d’un enfant à aimer ce qui,