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REVUE PÉDAGOGIQUE.

aux jeunes gens une constitution athlétique, parce qu’on dégrade ainsi les formes du corps, et qu’on donne une direction vicieuse à son développement[1]. Les Lacédémoniens étaient tombés dans une autre extrémité : à force d’endurcir la jeunesse aux fatigues, pour lui donner un courage indomptable, ils la rendirent féroce. « Or, dans les autres animaux, pas plus que dans l’homme, on ne voit point que le courage soit uni à la férocité ; mais il se trouve plutôt chez ceux qui à des mœurs douces joignent les qualités du lion[2]. » Pour s’en tenir à une juste mesure, il ne faut appliquer les enfants qu’à des exercices peu fatigants, leur interdire les travaux excessifs et l’alimentation trop substantielle qui nuisent à leur développement normal, et les font ressembler à ces athlètes proclamés vainqueurs avant l’âge, mais surmenés et frappés d’incapacité pour le reste de la vie.

La musique est une des récréations les plus agréables et les plus propres à délasser l’esprit ; mais elle peut devenir un excellent moyen d’éducation par l’influence qu’elle exerce sur les mœurs. « On produit par le rythme et par la mélodie des imitations de la colère, de la douceur, du courage et de la tempérance qui ont la plus grande analogie avec la véritable nature de ces passions. Les faits mêmes en sont la preuve, puisque notre âme est modifiée de diverses manières quand nous les entendons. Or, l’habitude d’éprouver de la peine ou du plaisir à l’occasion des choses qui ressemblent à ces affections tient de bien près à la disposition à éprouver de pareils sentiments en face de la réalité même… Il y a des différences essentielles dans la nature

  1. Polit., p. 260.
  2. Ibid.