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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/119

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DE L’USAGE ET DE L’ABUS DE LA PÉDAGOGIE

L’ENSEIGNEMENT MILITAIRE À L’ÉCOLE



Ce n’est pas une idée nouvelle que celle de préparer la jeunesse au service militaire en assouplissant et en fortifiant l’enfant par la gymnastique et en le familiarisant de bonne heure avec le maniement des armes. Nous ne remonterons pas à l’antiquité pour le démontrer et nous ne rappellerons pas les exemples fameux de Sparte, d’Athènes et de Rome. Nous passerons sous silence l’époque de la chevalerie où le jeune noble sortait à sept ans des mains des femmes pour recevoir une éducation virile et se préparer par les plus rudes exercices aux fatigues de la guerre.

Dans la pensée des législateurs de la Révolution, l’éducation physique, jadis bornée à un petit nombre de privilégiés, devait étendre ses bienfaits à toute la jeunesse du pays. Si nous consultons, en effet, les plans proposés à cette époque, nous trouvons que presque tous les hommes qui se sont occupés des questions d’enseignement se sont inquiétés du développement physique de l’enfant. Talleyrand demande, « au lieu des exercices de l’enfance, qui ne sont pour la plupart que des jeux, des exercices qui supposent et donnent à la fois de la force et de l’agilité, tels que la natation, l’escrime, l’équitation et même la danse ». Condorcet veut que l’on n’oublie pas dans les programmes « la gymnastique par laquelle l’enfant acquiert la santé, la force, l’adresse, l’agilité du corps ». Michel Le Peletier se plaint que, dans les écoles primaires, un des objets les plus essentiels soit omis. « Je suis, dit-il, qu’on propose quelques exercices de gymnastique, mais cela ne suffit pas. » Il veut « former un bon tempérament aux enfants, augmenter leurs forces, favoriser leur croissance, développer en eux vigueur, adresse, agilité ; les endurcir contre la fatigue, les intempéries des saisons, la privation momentanée des premiers besoins de la vie ».

Malheureusement ces plans ne furent pas mis à exécution, et nous avons été devancés dans la voie que nous avions indiquée, et où nous ne faisons que d’entrer, par les pays étrangers, notamment la Suède, le Danemark, l’Angleterre, l’Allemagne et surtout la Suisse.