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DE L’ÉDUCATION QUI CONVIENT AUX FEMMES.

[Après avoir pris connaissance de la composition d’une élève de l’école de Fontenay que nous avons publiée dans notre dernier numéro, M. A. Croiset a adressé à M. le directeur de l’enseignement primaire l’intéressante lettre qu’on va lire. La Rédaction.]

Fontainebleau, 25 août 1888.

Cher Monsieur,

Je viens de lire avec un vrai plaisir, dans la Revue pédagogique, l’excellent travail où une élève de Fontenay-aux-Roses répond à quelques idées que j’avais eu moi-même l’occasion d’exprimer sur l’éducation des femmes. La Revue m’apprend que ce travail a obtenu le chiffre 17. Si j’avais eu à fixer la note, je ne l’aurais certainement pas donnée moins élevée : il y a là toutes les qualités qu’on aime si justement à Fontenay, simplicité de la forme, sérieux du fond, entière sincérité intellectuelle, générosité des sentiments. Je ne me tiens cependant pas pour battu, et, comme la question présente à mon sens un très vif intérêt, je vous demande la permission de revenir sur deux ou trois points essentiels, en vous priant de soumettre aux lecteurs de la Revue les parties de ma lettre que vous croirez pouvoir être utiles aux discussions futures sur cet inépuisable sujet.

Je laisserai de côté le reproche qui m’est adressé d’abord de ne pas tenir assez compte des différences qui existent entre le rôle de la femme antique et celui de la femme moderne. Ces différences, en vérité, je les connais tout comme un autre ; seulement je ne juge pas qu’elles soient assez grandes pour que le charmant tableau de Xénophon ait perdu toute application à la vie moderne. Si c’était le lieu de démontrer ma thèse, je crois que les arguments ne me feraient pas défaut. Mais c’est là, en somme, un point accessoire, un problème de pure érudition historique, qu’il est inutile d’examiner en ce moment. J’arrive tout de suite au fond du débat, à la question théorique et générale,