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DISCOURS DE M. GRÉARD

sa supériorité, L’auteur, M. Léon Smith, possède bien les éléments du sujet. Sa méthode, comme son savoir, dénotent un esprit judicieux et ouvert. L’Académie lui accorde le prix. Elle attribue une mention honorable à M. J. Chastain, professeur au lycée de Nice, qui, dans le n ° 1, à défaut d’une exposition suffisamment serrée et concluante, a fait preuve d’érudition et de sagacité.

De concert avec la section d’Histoire, la section d’Économie politique, avait indiqué pour le prix du Budget l’Exposé des origines, de la formation et du développement, jusqu’en 1789, de la dette publique en France. L’ancien régime n’a connu ni l’unité d’administration, ni la publicité des actes administratifs ; et quand on sait quelles difficultés les économistes éprouvent aujourd’hui à calculer le total des dettes de l’État, on ne peut être surpris que les historiens aient tant de peine à reconstituer celles de la monarchie absolue. On peut dire que la dette perpétuelle date de François Ier et de la création des rentes sur l’Hôtel de Ville. Déjà au temps de François II, Michel de l’Hôpital estimait que le Trésor devait 43 millions. Un siècle et demi plus tard, à la mort de Louis XIV, ce chiffre montait, d’après le calcul le plus autorisé, à 3,460 millions. À la veille des États généraux, il était de 4, 812 millions. Le chiffre de 1715 est moins élevé que celui de 1789. Néanmoins la charge était plus lourde, parce que le taux de la monnaie ayant changé, la dette de Louis XIV représentait un poids de métal fin plus considérable que celle de Louis XVI et aussi parce que la richesse de la France, ayant augmenté au XVIIIe siècle, était plus capable de supporter le fardeau. Il s’agissait d’expliquer le mouvement complexe de cette progression. Des trois mémoires qui ont été déposés, aucun n’est sans mérite, mais un seul, le n° 1, abondamment fourni de faits, s’est approche du but assez près pour mériter une récompense, presque le prix. Allégé de certains développements, ce travail, s’il est publié, prendra un rang très honorable à côté des ouvrages qui font autorité en la matière. L’Académie décerne à l’auteur, M. Pasquier, professeur d’histoire au lycée Saint Louis, une médaille de quinze cents francs.

Entre la dette et l’emprunt le rapport est étroit et il semble que leur histoire se confonde. Mais la section d’Economie poli tique avait donné à la question de l’emprunt un caractère