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REVUE PÉDAGOGIQUE

esprit juste, d’un cœur droit. Il savait qu’à l’école les gros livres, comme les grandes leçons, ne sont pas ce qui pénètre le plus sûrement dans l’intelligence de l’enfant. Il se défiait des manuels de pédagogie. Quelques pages d’une inspiration saine, voilà, à défaut d’une œuvre distinguée, ce qu’il avait en vue d’encourager. L’œuvre distinguée s’est rencontrée, et il nous semble que M. Thorel aurait donné sa pleine adhésion au jugement qui a accordé une médaille de mille francs à M. E. Anthoine, ancien inspecteur général de l’enseignement primaire, pour son livre : A travers nos écoles, souvenirs posthumes. L’Académie française avait remarqué ce recueil d’études morales et littéraires, de notes d’inspection prises sur le vif, de conseils pratiques et presque de confessions personnelles, d’un sentiment si fin, d’une grâce si délicate. Les règlements ne lui permettaient pas de décerner un prix Montyon à un écrivain qui ne lui avait pas fourni l’occasion de le récompenser avant sa mort. Elle a du moins contribué à le désigner à l’Académie des sciences morales, qui se félicite de pouvoir acquitter ainsi une double dette.

Grâce à la libéralité de M. Halphen, l’instruction primaire avait droit à une autre faveur. Sur des ressources ajoutées aux annuités triennales, elle a pu faire honneur à une institutrice, aujourd’hui inspectrice générale, Mlle Lucquin, qui, pendant plus de trente ans, a dirigé à Lyon une École professionnelle justement citée comme école modèle. Une médaille de douze cents francs lui est accordée. Le prix, d’une valeur de quinze cents francs, ne pouvait être disputé à un homme qui, après avoir marqué sa place dans l’enseignement secondaire, s’est élevé au premier rang parmi les interprètes les plus autorisés des besoins de l’enseignement populaire, M. l’inspecteur général Vessiot. Deux livres d’une remarquable valeur pédagogique, l’Éducation à l’école et l’Enseignement à l’école, une Revue (l’Instituteur) qui, depuis deux ans à peine qu’elle est fondée, a conquis, dans le corps enseignant, un crédit à part, répondaient et au-delà à l’objet du concours. Judicieusement appropriés aux besoins de ceux auxquels ils s’adressent, les articles et les livres de M. Vessiot visent en même temps un but plus élevé. Frappé, non sans regret, de l’affaiblissement du sentiment religieux chez les familles et profondément convaincu de la nécessité de donner à la morale,