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REVUE PÉDAGOGIQUE

temporaine. Comment ne pas s’incliner devant cet absolu dévouement à l’œuvre qu’il poursuit, devant cet amour de la science dont il a vécu et qui, longtemps encore, grâce à Dieu, le fera vivre ?

A ces hommages qu’il nous est si doux de rendre, pourquoi faut-il que nous ayons à mêler des expressions de regret ? Nous avons perdu, cette année, trois confrères, un associé étranger, un membre titulaire et un membre libre, M. Sumner-Maine, M. Paul Pont, M. Hippolyte Carnot : – Sumner-Maine, élève puis professeur de l’Université de Cambridge ; homme d’action à ses jours et qui, pendant quelques années, « conseiller pour les affaires de l’Inde », administra le pays dont il avait décrit les institutions primitives ; par-dessus tout, historien philosophe et écrivain humoriste, versant à pleines mains les anecdotes piquantes et les observations profondes ; — Paul Pont, le savant auteur du Traité du contrat de mariage et du Traité des sociétés civiles et commerciales, l’intègre jurisconsulte, qui, à l’Académie comme à la Cour de cassation, modestement, mais avec une autorité d’autant plus respectée qu’elle ne s’imposait point, portait dans les esprits la lumière ; – Hippolyte Carnot, l’honnête homme, attaché dès sa jeunesse à toutes les sociétés de propagande généreuse, dévoué pendant soixante ans aux intérêts les plus éle.os de la démocratie, et partout, — en exil, au pouvoir, dans l’Opposition où le rejeta le gouvernement de l’Empire comme dans les rangs de la politique libérale que lui avait rouverts la République, – obtenant l’estime des partis contraires, par la droiture de son caractère, par la modération résolue de ses idées, par la dignité de sa vie.

J’aurais fini si, rapporteur fidèle, je n’avais à dire un mot d’un incident de nos dernières séances. Tandis qu’il s’occupait de nous léguer un bien considérable, un de nos plus récents donateurs, M. Corbay, avait pris les avis de deux de nos confrères, M. Auroc et M. Ficot ; et par un sentiment de gratitude délicate, il s’était réservé de leur faire une place dans son testament. Après s’être dévoués sans compter à leur charge d’héritiers consultants, MM. Aucoc et Picot n’ont voulu retenir des intentions de M. Corbay que le moyen de devenir à leur tour les bienfaiteurs de l’Académie. Ils ont fondé deux prix : l’un de deux mille