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REVUE PÉDAGOGIQUE

point des philologues, et certains examinateurs pourront être embarrassés pour apprécier la valeur relative des fautes. Il en résultera des notations diverses ; en sorte que des candidats, également préparés, seront jugés différemment, suivant l’esprit des commissions devant lesquelles ils se présenteront.

» Ces craintes sur les conséquences des recommandations de M. le ministre ne nous paraissent pas fondées. Il n’est pas question d’une tolérance extrême ni même d’une réforme dans la manière d’écrire les mots. Les manquements à l’orthographe admise continueront à être considérés comme des fautes, mais comme des fautes plus ou moins graves, suivant les cas. Tout au plus, l’attention générale est-elle appelée par la circulaire sur certaines rectifications désirables, sur la suppression possible d’exceptions, de règles bizarres qui ne peuvent être justifiées par aucune raison sérieuse. M. le ministre n’a pas entendu, d’ailleurs, se mettre à la place de l’Académie française, et décider des formes nouvelles des mots de notre langue ni des règles de leurs rapports.

» D’accord avec le Conseil supérieur, il s’élève seulement contre « le fétichisme de l’orthographe et surtout contre la tarification mécanique des fautes dans les dictées d’examen ». Il rappelle que ce même Conseil supérieur a, depuis dix ans, supprimé, dans tous les règlements qui lui ont été soumis, « le caractère éliminatoire de la dictée, ainsi que l’échelle officielle des fautes entraînant au delà d’un certain chiffre la note zéro ». Il cite l’opinion des pédagogues, « unanimes à exprimer le vœu que les fautes soient plutôt pesées que comptées et à recommander aux comités qui choisissent les textes comme à ceux qui corrigent les épreuves de s’attacher moins aux mots bizarres, aux curiosités linguistiques, aux règles compliquées ou controversées, aux contradictions de l’usage, qu’à l’intelligence du sens et à la correction générale de la langue ».

» Il ajoute avec raison que ce qui fait maintenir encore dans beaucoup d’écoles un nombre invraisemblable d’heures exclusivement consacrées aux exercices grammaticaux, c’est la crainte fondée ou non des rigueurs qu’aura l’examinateur dans son appréciation de la dictée. C’est donc cette appréciation qu’il importe de soumettre à des règles qui puissent guider plus encore l’opinion des candidats que le jugement des examinateurs. » Mais le ministre ne pouvait avoir la pensée de dresser ou de faire dresser par MM. les recteurs « un tableau officiel des variantes orthographiques qu’il conviendra d’admettre indifféremment dans les divers examens. Il faut évidemment tenir compte de l’âge des élèves et de la nature des épreuves. » Les commissions seules peuvent établir leur jurisprudence à cet égard.

» À la suite de ces considérations si justes, la circulaire propose comme base de jugement les trois règles suivantes qu’elle fixe par des exemples :