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REVUE PÉDAGOGIQUE

parait entre l’Angleterre et l’Allemagne ; l’auteur de l’article envisageait même l’utilité d’une guerre, qui permettrait de ruiner les ports de la Baltique, le canal de Kiel, Brême et Hambourg, et il terminait par le cri : Delenda est Germania !

« La marée allemande ne submerge pas seulement notre sol, écrivait naguère un Russe, elle noie le commerce et l’industrie de notre pays. »

« Le commerce de l’Allemagne, disait M. André Lebon dans un discours prononcé à Nantes le 29 juin 1895, a augmenté dans des proportions qui vous épouvanteront… »

En effet, en 1896, le commerce de l’Allemagne, importations et exportations réunies, a été de 9 milliards 660 millions, et celui de la France n’a été que de 7 milliards 200 millions. Tandis que le commerce général du monde n’a augmenté que de 24 % depuis 1833, le commerce spécial de l’Empire allemand a augmenté de 60 %.

Et cependant, en 1872, au lendemain de la guerre désastreuse, nous étions dans une situation meilleure que le nouvel Empire ; à ce moment, le commerce de l’Allemagne venait au quatrième rang. fl est actuellement au deuxième, l’Angleterre, avec ses 15 milliards de transactions, tenant encore la première place.

Il faut remarquer, en outre, que si la France avait, en 1840. plus d’habitants que le territoire actuel de l’Empire allemand, de 1872 à 1892, malgré l’émigration, la population de l’Allemagne a augmenté de 30 %. Il naît actuellement deux Allemands quand il naît un Français, et l’Allemagne compte une population de 53,324,000 habitants, soit 16 millions de plus que la France.

Et de ce préambule, emprunté aux premières pages du livre de M. Blondel, il résulte que la marche du peuple allemand vers le progrès industriel et commercial apparaît surprenante et admirable ; mais elle doit nous inspirer des craintes comme elle en fait éprouver à l’Angleterre et à la Russie, parce que, ayant moins progressé nous-mêmes, une partie de cette prospérité est acquise à nos dépens.

M. Blondel à réuni une quantité considérable de documents qu’il a recueillir sur les lieux mêmes ou qu’il a puisés dans les