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REVUE PÉDAGOGIQUE

lutter avec avantage contre les représentants du commerce allemand sur tous les marchés du monde.

Et je vais plus loin : cette éducation émancipatrice devrait être mise en honneur dans les écoles primaires supérieures, qui fourniraient alors plus d’élèves aux écoles industrielles ou commerciales, et dans nos lycées et collèges, qui produiraient moins de ratés. Il faut que le jeune homme, au sortir de nos établissements d’instruction, ait l’amour du travail et de la lutte, le désir de se faire lui-même une place au soleil, le sentiment bien net qu’il a été préparé, stylé, entraîné, pour agir et porter ses efforts au loin. Malheureusement, de nos jours, on considère les études comme étant la lutte pour la vie elle-même, et les examens, avec les sanctions qui les accompagnent, comme le but final des efforts de l’étudiant : celui qui réussit est fonctionnaire ou mandarin ; celui qui échoue n’est rien, s’il n’est pas riche.

Que l’on prépare donc l’enfant ou le jeune homme à se tirer d’affaire lui-même plutôt qu’à compter sur la fortune des parents ou sur la protection d’un patron politique, et l’on aura ainsi plus fait pour notre expansion commerciale et coloniale que si l’on avait remporté des victoires militaires, fussent-elles suivies de traités de commerce avantageux.